<03|07|2019> I write what i want and you can kiss my ass

Black Ink Stain / self-titled EP / self-released 2017 : Ce disque a failli complètement passé à la trappe. Rattrapé de justesse parce que je me suis souvenu que dans ma jeunesse j'avais aimé les deux premiers albums d'Helmet. Sans oublier Basement dont un titre de Counterclockwise s'appelait Black Ink Stains. Hasard ? Je ne crois pas. Black Ink Stain est un trio de Clermont-Ferrand dont vous avez deviné les influences musicales marquées au fer rouge comme la pochette. Le trio a mis toutes les chances de son coté avec une production de David Weber au studio des Forces Motrices pour un son qui ne fait pas dans le sentiment. Du boulot de professionnel comme les quatre morceaux de ce premier EP. Et c'est bien là le principal problème. Tout est tellement parfaitement à sa place, sonne comme il se doit avec le refrain mélodique pile là où il faut que c'est salement prévisible et convenu. Malgré tout, c'est pas désagréable, relativement bien fait et l'avenir peut pourquoi pas se montrer avenant.

Go Spleen / Slow Moves / Impure Muzik, Vouhvoue records 2017 : Tant qu'on est les deux pieds dans les années 90, restons-y avec Go Spleen. Le quatuor a mis Besançon au milieu d'un campus américain. C'est osé. Les chemises à carreaux sont de sortie. Sunny Day Real Estate, Mineral, The Posies et autres groupes des banlieues blanches anonymes également. Ce sont pas les années 90 que je préfère, loin de là mais il faut reconnaître à Go Spleen un beau savoir-faire en la matière. Ça restera toujours trop gentil, pop et propre sur soi mais leurs mélodies ont des atouts.

T-Shirt / Aggravator 2 / S.K., Influenza records 2018 : Les années 90, on y est, on y reste. Plus que jamais. T-Shirt semble sortir tout droit d'un placard indie-rock avec Sebadoh en voisin de chambrée mais sans les embardées noisy et les dérapages incontrôlés. Lorgner aussi du coté de Superchunk, Archers Of Loaf, Guided By Voices. C'est retour vers le futur, énorme à en bouffer ton skate. Il serait facile de tailler un costard à T-Shirt mais ce groupe de Lyon a quand même l'outrecuidance de sortir le grand jeu dans le genre nostalgie improbable et question taille et coupe, ce sont surtout des mélodies imparables (un poil trop sucrées) et un savoir-faire confondant que T-Shirt sort de sa manche.

John Malkovitch! / The Irresistible New Cult Of Selenium / Dingleberry, I Dischi del Minollo, Edison Box, Mehr Licht Records & False Hopes 2018 : Bordel, on s'en sortira donc jamais avec ces groupes de post-rock instrumentaux qui pondent des albums avec seulement quatre morceaux qui durent des plombes !? John Malkovitch! vient d'Italie et ce n'est pas rendre hommage à cet acteur américain si particulier et charismatique que de proposer une musique aussi banale et lénifiante. Record de poncifs en quarante sept-minutes. Félicitations.

The Dictaphone / Time Flies When You Are Having Fun / Un Je-Ne-Sais-Quoi records 2018 : Bizarrement, je n'ai jamais donné suite à The Dictaphone. Le 1er single & album avaient pourtant fortement séduit et puis plus rien, le désert alors que le bonhomme de Tours (Jérémy Morin) a sorti ensuite 7 autres albums... Time Flies When You Are Having Fun est donc le huitième et il porte très mal son nom. Uniquement trois titres, très longs, instrumentaux, très différents de l'habituel approche garage/post-punk. Un histoire d'ambiances, d'expérimentations, de bidouillages, de nappes sonores calmes, lentes, pendant lesquelles il ne se passe rien. Strictement rien. Le néant. Ce n'était pas le meilleur moment pour renouer le fil de l'histoire.

Thibault Florent / So-lo-lo #2/ self-released 2018 : Guitare douze cordes préparée, myriade d'objets comme dit Thibault Florent, qui pourrait être la version tourangelle du bordelais L'Ocelle Mare. Seul face à sa machine et ses obsessions. Détournement d'instruments en flagrant délit d'acoustique austère ou trépidante. Voyage aux quatre coins des continents sans bouger de sa chaise, entre gamelan et Afrique, entre onirisme champêtre et crispations articulaires. Impulsions rythmiques sur cordes percutées, blues convulsif et crépusculaire, c'est beau et difficile, concret et mystérieux et ça mérite de s'y attarder...

Sugar Kids / Valence Democracy 12'' / Hell Vice I Vicious, Electric Men, Crapoulet records 2018 : Dans le triangle qui n'est pas des Bermudes et sonnant bien moins exotique (Valence-Lyon-Grenoble) sévit un trio power pop qui n'existe plus depuis septembre 2018. Si vous écoutez Valence Democracy en 45 tours, ils s'appellent Sugar Kids. Si vous les écoutez en 33 tours, ils s'appellent Sludge Kids ou Drone Kids, ça dépend de la face. Voilà, c'est tout ce qu'il était besoin de savoir et c'est déjà trop.

Luciano Lamanna / Sottrazione LP / Boring Machines records 2018 : Si vous suivez la scène électro et si l'Italie est votre (seconde) patrie, le nom de Luciano Lamanna ne vous est peut-être pas étranger. Par contre, la liste des instruments stresse. Eurorack modular synthesizer, OB6, Juno-6, lifewire AFG, flûte, effects. Une approche très minimaliste de l’électro, un groove très épars, des craquements à intervalles réguliers, des mélodies évasives. C'est 20000 lieues sous les mers et pas une vague à l'horizon.

The Star Pillow / Symphony For An Intergalactic Brotherhood LP/ Boring Machines records 2018 : Il faut un pouvoir de concentration énorme ou une volonté de fer ou plus aucun anxiolytiques sous la main ou avoir du temps à perdre pour rester au contact des trois longues pièces de Paolo Monti, artiste italien évoluant sous le patronyme de The Star Pillow.
Une guitare avec l'archer de sortie qui sonne comme un synthé ou un instrument à cordes type violon ou violoncelle. C'est sûrement très beau la nuit, on reviendra tous poussière un jour mais la mort lente ne rentre pas dans mes plans.

J.H. Guraj / Steadfast On Our Stand LP / Boring Machines records 2018 : Ce disque est à la base la musique d'un documentaire de Zimmer Frei, Steadfast On Our Sand. L'Italien Dominique Vaccaro, alias J.H. Guraj, a délaissé ses micros et cassettes pour reprendre sa fidèle guitare. Le résultat est un blues très crépusculaire que certains esprits éclairés qualifieront de moderne. La face B avec la seule très longue plage Island a tellement désossé le blues qu'elle devient aussi plate et morne que le ciel gris de la pochette. Et tristement ennuyante.

DTHEd / Hyperbeatz vol.1 / Boring Machines records 2019 : Fabio Ricci est parti des pattern de rythmes qu’il lui restait sur les bras à la suite de l’enregistrement de Norn, un album de Vonneumann assez singulier, rythmiques tellement étranges qu’il a appelé ça hyperbeatz. Il s’est mis au défi d’en faire des morceaux aux contours pop avec l’aide de Simone Lanari et Isobel Blank au chant. Sur le papier, ça l’air vachement intéressant mais dans la vraie vie, l’impression d’assister à un exposé de biochimie moléculaire en russe avec des graphiques en couleurs pour faire passer la pilule. Hyperbeatz vol.1, le premier disque qui fait loucher.

Von Tesla / Ganzfeld / Boring Machines records 2019 : L’effet Ganzfeld, c’est une perte de vision pouvant aller jusqu’à des hallucinations quand tes yeux ont fixé trop longtemps une couleur identique ou en se retrouvant dans le noir pendant plusieurs jours. Nul doute qu’une écoute prolongée des 133 minutes du double CD de l’Italien Von Tesla, la même problématique sera transporté à ton ouïe. Et ta vue aussi. Puis ton odorat. Et à ton bide avec des nausées. Et que tu ne seras plus où tu habites. L’électro de Von Tesla a tout fait pour que tu te sentes pas bien. C’est réussi. Mais pourquoi vouloir s’infliger ça ?

Juhani Silvola / Post-biological Wildlife / Eighth Nerve records 2019 : Juhani Silvola vit en Norvège. Sur la bio, il est écrit ce genre de trucs : la musique de Juhani explore souvent des thèmes qui tournent autour du post-humanisme, de la nature et de la réalité virtuelle, questionnant le rôle de l'humanité dans un avenir proche, et peignant des scénarios variés sans condamner ou glorifier exclusivement la vision techno-futuriste. Le monde des ténèbres lui appartient.

Sarah-Jane Summers / Kalopsia / Eighth Nerve records 2019 : Sarah-Jane Summers vit en Norvège. D’origine écossaise. Elle collabore étroitement avec son mari Juhani Silvola. Sur sa bio, il est écrit ce genre de trucs : sa musique utilise une vaste gamme de techniques contemporaines et étendues pour violons qui crée le portrait sonore d'une artiste vraiment unique et indépendante avec une profonde passion pour le son en soi. Sarah-Jane est fascinée par le point où le son semble commencer à se désintégrer, par sa vulnérabilité et par la force surprenante de la vulnérabilité. On est pas The Wire ici, nos goûts sont beaucoup plus terre à terre. On n’est pas payé cher mais au moins on se marre.

Art & Technique / 071617182018 / Da! Heard It records 2019 : Art & Technique, c’est Bernard Filipetti, pionnier de la musique électronique depuis le début des années 80. Et c’est de cette lointaine époque que Art & Technique a publié son premier enregistrement (Clima-X en 1981) puis Diabolus In Mecanica en 82. 37 ans plus tard (!!), Art & Technique revient avec avec une sortie uniquement cassette dont le nom ressemble à un numéro de téléphone et accompagné par Mathieu Habig (batteur de Guili Guili Goulag) et Ravi Shardja à la basse pour quatre très longues compositions issues de douze heures d’improvisations dans lesquelles il a fallu tailler allégrement. Je ne suis pourtant pas certain d’y survivre. Plus de cinquante minutes dans la mouvance krautrock, parcourue d’ondes électroniques et de parasitages bizarres, prêt pour un décollage retro-futuriste qu’un mouvement percussif tente de garder à flot, une transe que vous aurez peut-être le courage d’affronter même si elle n’a rien de sauvage.

Charlie Looker / Simple Answers / Last Things records 2018 : L’album solo de Charlie Looker (Psalm Zero, ex-ZS et ex-Extra Life) s’appelle Simple Answers mais rien n’est simple chez Looker. Multiples textures, orchestration symphonique avec cuivre, violons et tout le tintouin se confrontant aux synthés et à l’électronique. Voix de ténor de Looker, chœurs d’opéra et autres ensembles comme le International Contempoary Ensemble, palette sonore luxuriante et bigarrée, ambiances médiévales, gothiques, cinématographiques, inquiétantes, participation du Mivos Quartet, du pianiste virtuose Kelly Morgan, Looker n’a pas regardé à la dépense (mais a fait appel à l’argent des autres avec une campagne Kickstarter) pour accoucher d’une œuvre (c’est le mot qui convient parce que là, ça tape dans le haut de gamme, non ?) über ambitieuse, grandiloquente mais qui va à ravir à ce sacré Charlie et sa vision musicale hors-norme. Le résultat est aussi stressant qu’interloquant, parfois beau, lyrique, parfois totalement assommant et rédhibitoire pour un disque qui se veut une interrogation sur la psychologie qui se cache derrière la montée du fascisme mondial d’aujourd’hui. Non, ne comptez pas sur Looker pour avoir des réponses simples, un embrouilleur de première mais il mérite d’être écouté.

Sviti / Douce Douce Nuit / Puzzle records 2018 : Batterie, saxophone et analog bass (un synthé pour faire simple), le trio de Chambéry Sviti possède une physionomie singulière. Il est rangé dans la case jazz mais Sviti déborde largement de ce cadre. Trois ans après un premier album attrayant, Sviti continue d’emprunter des chemins de traverse, de taper sur tout ce qui bouge et même sur ce qui ne bouge pas avec un batteur très en forme, se la couler douce et pas que la nuit, mélanger tradition et révolution, frictions électroniques et évolution en milieu naturel, mélodies suaves et heurtées mais allez savoir pourquoi, sans que cela n’éveille cette fois-ci une émotion particulière, sans que ça vous triture de l’intérieur. Douce la nuit, trop douce, ça vous glisse dessus. Mais agréable tout de même.

Blast / Drifting / Collectif Pince-Oreilles 2018 : Dans la rayon jazz qui s’en va voir ailleurs de quoi alimenter et enrichir la source, le trio français Blast se pose là. Fender Rhodes/Moog basse, clarinette, batterie et effets spéciaux pour tout le monde. Si on ne peut nier l’originalité, la prise de risque et l’envie de s’aérer l’horizon, le résultat est bien trop abscons, froid et finalement trop varié, avec un arrière-goût de synthétique tout lisse qui me laisse à une distance réglementaire très lointaine de ce genre d’univers sonore.

Braziliers / 421 / A Tant Rêver Du Roi 2018 : Quelquefois, les idées nées sur le bord d’un comptoir devraient rester sur le bord d’un comptoir. 421, trois dés comme autant de musiciens issus de Piano Chat et Ropoporose pour former la nouvelle entité Braziliers. Je sais pas si c’est la bonne combinaison gagnante mais leur association de pop ensoleillée, de candeur apéritive et de légèreté estivale me donnent vraiment pas envie de remettre une tournée générale. Sauf peut-être sur C’est Comme Ça, reprise gaillarde de Rita Mitsouko ou quand les dés sont jetés et qu’il n’y a plus rien à espérer.

Piniol / Bran Coucou / Dur & Doux 2018 : Quand Poil et Ni s’associent, ça donne Piniol. Les vendeurs d’aspirine se frottent les mains d’avance. Pris séparément, c’était déjà pas facile. Alors à deux, hé bien ce n’est pas pire en fait. Mais le prog-rock à outrance, King Crimson, Magma et tous ces groupes binaires, si t’as pas suivi des cours de survie dès ta plus tendre enfance, tu capitules au bout d’un morceau. Et comme le premier fait quatorze minutes, je suis légume bien avant la fin. Si tu as les nerfs solides ou si tu es prof de physique, le courage d’aller plus loin tu auras.

Poil / Sus / Dur & Doux 2019 : Le Poil est résistant et sort Sus, son quatrième album depuis 2008. Un Poil moins fou qu’à l’accoutumée mais les racines de Poil restent identiques. Zappa, King Crimson, Magma, langage inconnu des terriens, des cavalcades de claviers à outrance, des sonorités prog-seventies qui me hérissent toujours autant le poil. Si l’impression que le Poil ne sème plus aux quatre vents est prégnante, le retour de bâton est toujours douloureux. Sus au Poil.

Yôkaï / self-titled / Humpty Dumpty records 2019 : Yökaï, terme japonais pour collectif bruxellois qui parle en fait une multitude de langages musicaux qui ressemblent à du chinois pour moi. Krautrock, jazz, ethio-jazz, musique psychédélique, improvisée, orientale, cosmique, forts relents de prog-rock d’un autre âge et autres sonorités chelous dans un assemblage savant qui cache le néant. J’ai vomi avant la fin.



Larchey Zore / self-titled / Keep an Eye Foundation 2018 : Quand vous ne comprenez rien à une musique, le mieux est d’énumérer la liste des instruments pour tenter d’y voir plus clair : saxo alto, guitare, basse, chant, batterie, Fender Rhodes, effets spéciaux nombreux, en multipliant chaque poste en moyenne par deux parce qu’en tout, huit musiciens figurent au générique de ce groupe parisien. La coloration générale est jazzy et de bien d’autres courants qui m’échappent ou me laissent de glace malgré quelques envolées intéressantes. Je passe mon tour.

Alber Jupiter / We Are Floating In Space / Araki records 2019 : Tu as vu la gueule de la pochette ? Le nom du groupe ? Le nom de l’album ? Si je te dis que c’est un album de grind avec 27 morceaux de 40 secondes chacun, tu vas pas me croire. Et tu auras raison. Pas de surprise. Les morceaux sont au nombre de six, sont d’une durée quasi illimitée et s’apprêtent à décoller pour un long voyage intergalactique. Mais en fait, le périple s’annonce plus nerveux que prévu et le décor pas aussi psychédélique avec des licornes aux regards bizarres partout. Un duo rennais/nantais (comme quoi tout arrive) basse-batterie avec un peu de chant et des effets spéciaux pour sonner 2001 Odyssée de l’Espace avec une rythmique droite et motorik parce qu’il est question de krautrock, que c’est répétitif, très répétitif et que ça se veut hypnotique. Je dois pas avoir gobé les bons champis. C’est quand même moins pire que ce que je pensais mais ça finit par tourner à vide trop souvent.

Leather / Material Girls / Exag’ records 2018 : Ce site besogneux s’y prend trop tard (sortie été 2018) pour chroniquer un disque qui aurait mérité autre chose que quelques lignes lapidaires mais en même temps, ce premier album de Leather, sextet d’Atlanta, est une telle auberge espagnole qu’il est selon l’humeur du moment possible de l’apprécier ou l’envoyer valdinguer. On trouve de tout, chacun ses goûts, y (com)prendra ce qu’il veut. Post-punk à la Siouxsie ou B-52’s, cabaret décadent, glam-rock (et pas que pour le look des cinq mecs de Leather), goth, soufflantes cuivrés, rockab, espagnolade, feulements, griffures et coups de grisou, rock fiévreux, tout y passe, sans choisir son camp, avec ardeur et extravagance. On essaiera d’être plus attentif la prochaine fois parce ce groupe possède quelque chose et pas seulement un gros grain.

Siska / Stabat Mater Dolorosa / Antena Krzyku records 2018 : Antena Krzyku est une maison polonaise fort respectable mais parfois, il est aussi difficile de les suivre que de comprendre leur langue, langage polonais abondamment utilisé par Siska, une demoiselle fort excentrique qui arrive à me saouler alors que je ne pige pas un mot de ce qu’elle dit. Comme ce qui sert de musique derrière pour accompagner sa logorrhée est du domaine abstrait (pour être poli) et vaguement bruitiste, le Stabat Mater Dolorosa version Siska est effectivement très douloureux.

Žen / Suncani Ljudi / Moonlee, Vox Project, Unrecords 2018 : La vie est un éternel recommencement. Tout a été une nouvelle fois mis en œuvre pour être dans les meilleures dispositions possibles mais quand ça veut pas, ça veut pas. Trois ans après Jantar, les quatre nanas de Žen ont réédité l’exploit. Suncani Ljudi est aussi lénifiant que l’album précédent. Ou comment se faire des ami-e-s en Croatie.

Paula Rae Gibson-Kit Downes / Emotion Machine / Slowfoot records 2018 : Une photographe qui chante (Paula Rae Gibson), un pianiste qui ne chante pas (Kit Downes), la rencontre donne Emotion Machine. Une machine à émotion qui dans ses meilleurs moments hélas assez rares pourraient évoquer une Carla Bozulich en état de décomposition avancée (désolé Carla) mais aussi tellement minimaliste, abstrait et ouvert au silence qu’on en vient à ne plus rien entendre, ne plus rien ressentir. Une machine à laver les émotions plus blanc que blanc.

Malade[s] / Toute Chose Visible / Salamah Productions 2019 : Malade[s], c’est du local. Un duo rennais avec Louise Goupil (clarinette, claviers/machines) et Tanguy Moaligou (guitare), un peu de chant, pas mal de voix/discours samplés pour orner une musique dont le propos est largement instrumental. Trip-hop, jazzy avec une coloration klezmer dans les mélodies de la clarinette, post-rock, ambiances mélancoliques mais boite à rythme branchée sur le mode dansant, autant dire que c’est le genre d’approche qui a du mal à passer ici, se voulant résolument moderne et singulier tout en sonnant daté et convenu.

Tchewsky & Wood / Live Bullet Song / Poch records, Reptile Music 2019 : Comme j’étais bien en peine pour décrire le premier album de ce trio français, je me suis dit, je vais pas me fouler, je vais reprendre les éléments de la bio qu’on m’avait si consciencieusement mis sous le nez. Après tout, ya pas mal de zines qui le font déjà en copiant-collant la parole du maître alors pourquoi pas. Mais ça disait des trucs comme une dégénérescence électro programmée de Sonic Youth et The Fall ou une réinvention d’une new-wave reprenant les choses aux premiers albums de Suicide et Joy Division. Outre que ça m’a fait bien marrer, ça m’a fait quand même surtout mal pour tous ces groupes cités qui ne méritent pas ça. Le seul truc qui s’en rapprocherait, c’est quand la bio parle d’une version punk d’Eurythmics. J’espère qu’Eurythmics ne m’en voudra pas. Et les punks non plus.

Foggy Bottom / Une Histoire à l’Envers / Twenty Something records 2019 : Après un long silence entre 2001 et 2016, le trio de Thionville est revenu en 2017 avec l’album Sur Un Fil. Et maintenant qu’il est chaud, Foggy Bottom enchaîne avec ce nouveau mini-album sept titres. On peut comprendre à l’écoute de cette powerpop légèrement noisy que l’ancien Thugs Eric Sourice qui fait partie du triumvirat Twenty Something ait pu craquer pour ce groupe comportant des anciens Davy Jones Locker ou Pore mais est-ce bien raisonnable ? Va encore pour la musique bien que ça soit très gentil et que ça casse pas trois pattes à un canard. Mais le chant très poppy, mièvre avec des chœurs du même acabit et qui ne varie pas d’un morceau à l’autre est une souffrance sans nom. Et je te fais cadeau des paroles en français. Je suis pas loin d’envoyer ça dans le rayon variétoche.

Fabulous Sheep / self-titled / Bitter Noise records 2019 : Une musique à l’image de la pochette patchwork de la pochette. Multitude de styles qui s’entrechoquent se superposent, se complètent. Indie-rock, post-punk, rock ou punk mélodique et noisy, des tendances pop, du direct et des arrangements plus chiadés, du bon et du moins bon mais une constante pour ce jeune groupe de Béziers : des guitares, de l’énergie et pas de temps à perdre. Et un certain savoir-faire et belle maturité déjà pour accoucher d’un premier album qu ne me parle pas plus que ça mais qui mériterait qu’un plus grand nombre s’y attarde.

Sick Sad World / Imago Clipeata / Atypeek 2019 : Oui, ce monde est malade, ce monde est triste et ce groupe de Nantes ne va pas aider à nous remonter le moral. Ce n’est pas une histoire d’ambiance puisque tout ce qui est sombre et colérique a plutôt l’habitude de très bien passer. Mais dans la veine post-hardcore-metal qui croise la route du post-rock pour des morceaux à rallonge qui tour à tour ou en même temps sont mélodiques, souffreteux, planants, gentiment agressifs avec l’inévitable Magnus Lindberg (Cult Of Luna) à la mastérisation au cas où vous n’auriez pas encore compris où vous avez mis les pieds, c’est un pas de plus vers un monde qui part en couille.

Vertex / Scalable / Atypeek 2019 : Quelques images valent souvent mieux qu’un long discours. Ce groupe de Lyon a de l’humour et n’a pas peur du ridicule, c’est déjà ça :





Robert Openightmare / Air Fart One / Les Productions Du Chauve, Distorsion, Les Disques de Géraldine, Never Trust An Asshole, To Loose Punkers records 2019 : Heureux de savoir que Perte & Fracas a pris un abonnement non consenti à chaque nouvelle sortie du trio toulousain Robert Openightmare. N’est pas Leatherface qui veut hélas pour un album qui dégaze autant que son prodigieux titre. Punition identique que précédemment. Par contre, leur vidéo style Mais où est donc passée la 7ème compagnie est vraiment pas mal.

Twister Cover / Cyco Cyclo / self-released 2018 : 2ème album du groupe orléanais Twister Cover. Je veux bien croire que votre disque a été fait avec amour et une partie de votre compte en banque, comme 99% des disques de cette rubrique mais bon. Et je crois que je ne vais pas suivre la 2ème partie de votre conseil, c’est à dire utiliser ce CD comme cale pour un bureau ou une armoire métallique parce que tout est super d’équerre à la maison.
Brice et sa Pute / Musique Actuelle / Dur et Doux records 2018 : De la pantalonnade théâtrale mise en musique, quoique musique est un gros mot pour ce disque. Brice et sa Pute appelle ça du cabaret punk. C’est censé faire rire, voir réfléchir même, allons-y gaiement, sur l’absurdité de notre vie mais franchement, ça me donne envie de pleurer parce que ça ressemble pas mal à l’idée que je me fais du néant. On n’est vraiment pas sorti de l’auberge.

Tête de Gondole (03/07/2019)