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Butcher’s Waltz
Volume 3 – LP
Learning Curve records 2018

Tous les trois ans, la compilation Butcher’s Waltz vient faire valser les tympans aimant se faire découper en tranches pas trop fines. Le label de Minneapolis Learning Curve a commencé en 2012, a poursuivi en 2015 et le troisième volume est apparu en octobre 2018. Avec un générique toujours aussi palpitant rehausser par le fait que seuls des inédits (jusqu’à preuve du contraire) viennent endiabler cette valse sanguinaire. Jim Blaha (The Blind Shake) s’est occupé de l’artwork tout en découpage-collage. Le vinyle sang et or fera plaisir aux Lensois. Le volume 3 s’annonce donc comme un bon cru et il ne va effectivement pas décevoir.

Une compilation ne débordant pas de groupes dans tous les sens. Seulement cinq. Débutons par les connus. Le duo australien Dead ouvre les hostilités. Le premier titre ne compte pas. Un sample d’une trentaine de secondes sans intérêt sauf pour échauffer les zygomatiques et ouvrir grand la bouche sur Dead Commander. Sept minutes d’un assaut typiquement Dead, à savoir faire encore plus écrasant que les Melvins, ce qui n’est plus difficile depuis belles lurettes, avec au beau milieu un break au piano qui casse les reins alors que la machine tribale basse-batterie était en plein sabbat diabolique sur-puissant et que le chant de mammouth du bassiste secondé par les chœurs du batteur invoquaient des Dieux païens anciens dont on ne préfère pas connaître la caractéristique. Si c’est celui de pouvoir vous transformer en poulet grillé tournant sur sa broche d’un simple regard, cela n’étonnerait personne. Dead power.

Lardo de Chicago a su se faire apprécier par deux albums très recommandables. Butcher’s Waltz lui ouvre grand les portes avec trois morceaux. Et ça ne débute pas sous les meilleurs auspices avec Are You Human pas très convaincant. C’est la face la plus mélodique, voir guillerette de Lardo qui n’a jamais pratiqué un noise-rock de méchant et dans les clous mais des limites il faut avoir. On préfère largement quand ça écorche, que l’ambiance se tend et la mélodie verse dans l’acide. Ce qui est fait avec Don’t Wanna Know et son final entêtant et surtout Larunda devenant peu à peu furibard et fiévreux avec une guitare augmentant la dose de bordel et de grincements.

Découvrir un inédit de Wailin Storms, c’est toujours du bonheur, de quoi ouvrir grand les bras à Don’t You Wish Her Well. Ce groupe ne connaît pas la médiocrité et ce titre est une puissante drogue rappelant comment leurs deux albums sont bons. Lyrisme du bayou, noise-rock trempé dans le swamp, chant qui agrippe au désespoir, la rage au ventre et des kilomètres de noirceur qui ne fait que s’épaissir dans le tumulte au fil d’un morceau qui aurait eu fière allure sur leurs albums.

L’excentricité de cette compilation, c’est la carte blanche laissée à Adam Marx dont son groupe principal Seawhores est toute une aventure en soi et qui est toujours prêt à ouvrir les esprits les plus obtus à la prise de risque. Quand ce gars là ne peint pas (avec un certain talent), il multiplie les projets musicaux. Deux figurent sur Butcher’s Waltz. Le premier s’appelle sobrement Marx. Une expérience solo qui préfigure du pire quand on connaît l’esprit tordu du personnage. Tout faux. He’s Jaundice est une toupille frelatée qui tourne en rond tout en avançant et sans se mordre la queue. C’est rapidement addictive pour un titre qui rappelle Vaz pris dans la tourmente. Une belle dimension noise répétitive, aussi vrillante, détraquée qu’entraînante et qui se gobe sans sourciller. Espérons que Marx en a plein la besace des petites perles comme ça.
Vaz, il va en être question aussi avec Novacron. Outre Adam Marx et Shawn Walker (Gay Witch Abortion), le prolifique Paul Erickson, également figure emblématique des mythiques Hammerhead, joue dans ce nouveau groupe (tout comme dans Leech Beech avec un Dead et un autre Seawhores). Et si une influence plus qu’une autre transparaît dans Novacron, c’est celle de Vaz/Hammerhead. Autant dire que les oreilles sont grandes ouvertes. Et qu’elles ne vont pas perdre une miette de White Chalk. Ça roule à tombeau ouvert avec une aisance mélodique et une frénésie qui emporte tout sur son passage, c’est dense et léger dans un même mouvement avec des guitares qui perdent régulièrement les pédales avant de retrouver le droit chemin et de grands coups de cymbales d’un Marx capital derrière sa batterie.
Vivement le quatrième volume.

SKX (01/04/2019)