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Circle X

Prehistory LP
L'Invitation Au Suicide 1984

[posté le 15 juillet 2013]


Groupe culte par excellence. N'apparaît dans aucuns bilans de fin d'année, dans aucunes rétrospectives des meilleurs du meilleur album de tous les temps et pourtant cité par un grand nombre comme source d'inspiration importante (Swans, Sonic Youth, Missing Foundation, Live Skull, Gastr Del Sol avec David Grubbs qui rééditera Prehistory en 2006 sur son label Blue Chopsticks). Un groupe énigmatique, fascinant qui sort un ovni au début des années 80, un Prehistory portant très mal son nom tant ce disque était en avance sur son temps et reste toujours pertinent en 2013 et pour un paquet d'années encore.
En 1978, Bruce Witsiepe et Tony Pinotti abandonnent leur groupe No Fun, rejoignent les frères Dave et Rik Letendre (qui jouaient dans I-Holes), pour former Circle X, partent de Louisville (Kentucky), se relocalisent à New-York pour quasi dans la foulée, fin 78, partir neuf mois à Dijon (cherchez l'heure !), le temps de publier un maxi 4 titres Untitled en 79. Puis retour à New-York pour leur premier et longtemps seul album, Prehistory. Ce passage éclair en France aura au moins permis à Circle X de se faire connaitre (un peu) dans notre beau pays pour qui rock était synonyme de Telephone (ce qui d'ailleurs n'a jamais changé...). En 1984, le label havrais L'Invitation Au Suicide sort la version de Prehistory paru en 83 sur Index/Enigma (des morceaux pourtant enregistrés et mixés en 1981) avec une pochette/présentation totalement différente.
Avec Prehistory, Circle X s'éloigne du maxi Untitled et d'un autre single paru en 79 (et réédité l'année dernière) marqués par la no-wave pour aller visiter l'inconnu, proposer des sons et des assemblages nouveaux. Les six assez longs titres sont beaucoup plus ambitieux, baignent dans une atmosphère industrielle, tournent autour de rythmes tribaux, de polyrythmies avec l'aide de percussions mais des rythmes pouvant également devenir flasques, erratiques, absents ou évolués dans un halo dub (Prehistory Two) et qui dans tous les cas, ne feront jamais danser. Les deux guitares (pas de basse sauf sur Current) distordues, fragmentées, crissantes ou fantomatiques et le chant, aussi varié que flippant, incantatoire ou shamanique se chargent d'enlever toute envie de bouger son corps sauf dans des soubresauts maladifs, un mouvement trépident qui fait révulser les yeux et sortir la bave des lèvres.
La combinaison de tout ça donne une musique étrange mais toujours prenante, une musique dérangeante mais hypnotique. Aussi bien dans ses moments d'abandon que dans ses structures chaotiques et pulsatoires, ses passages bruitistes acidifiés ou la transe rythmique déviante et sa schizophrénie latente (l'angoissant Under World), Circle X a inventé un langage unique, qui, comme tous les grands disques, n'a pas délivré tous ses secrets, un langage complexe, brillant et puissamment évocateur, à l'image de ce splendide symbole, un cercle barré d'une croix qui reste à jamais mystérieux.









infos : 33 rpm, black vinyl, 12 pages A5 booklet. Production Circle X. Illustration Félix Méheut, extrait du précis iconographique des maladies de la peau du docteur E. Chatelin. Textes (français et anglais) : L'Universalité des marques et des empreintes, Jean-Pierre Turmel (Rouen, Août-Septembre 1983). Cercle et croix, Oswald Wirth "Le Symbolisme Hermétique" (1909). Traduction : Malcom Duff. Conception de la pochette : Marie Lemeur, Yann Farcy, Gérard Rabel et avec l'aimable participation de J.P. Turmel (courtesy by Sordide Sentimental).