Fuckfest #3
samedi 23 avril et dimanche 24 avril 2011
Mains d'Oeuvres - Paris

23 avril : Kourgane/Chevreuil/Pord/Kimmo/Louise Mitchels/Desicobra
24 avril : Marvin/Shub/Headwar/Aeroflot/La Race/Ultracoit

Début d'une grande semaine de rock'n'roll avec pratiquement concert et champagne tous les soirs. Mes vieux os sont affûtés au plus près.
Ca commence par le Fuckfest, troisième édition. Un festival parti de Villeveyrac, petit village d'irréductibles, non pas de Bretagne mais du sud de la France, et désormais basé à Paris. Le Fuckfest, ce n'est donc pas seulement un album d'Oxbow, mais une partouze d'ami(e)s jouant tous dans des groupes, écrivant dans un webzine (Nextclues), organisant des concerts (GTOK GTKO) et se retrouvant une fois l'an pour copuler, se battre, s'aimer, boire ensemble et en faire profiter le commun des mortels.
Par contre, ce report fera preuve d'un grand manque de professionnalisme. Il va briller par une absence totale de photos (c'était pourtant pas faute d'avoir amener l'appareil) et un manque crucial de détails croustillants et intimes qui font tout le piment d'un report. Il va surtout être très incomplet. Le pauvre provincial que je suis n'a pas pris en compte le temps de transport inhérent à la vie trépidante parisienne. Arrivé pourtant la veille en compagnie d'une partie des Moller-Plesset montée à la capitale pour masteriser le futur 10'' (et qui parait il sonne du feu de Dieu), l'arrosant dignement le soir et pique-niquant joyeusement le samedi après-midi sous un soleil qui brille toujours plus fort à Paris (c'est la capitale de la France tout de même), vous n'aurez donc pas de comptes-rendus des concerts de Desicobra, Louise Mitchels (vu juste les deux derniers titres mais ça ne compte pas vraiment) pour le samedi et Ultracoït et La Race le dimanche. Pauvre de moi, c'est indigne.

Vous n'aurez pas non plus de report sur Aeoroflot et Marvin. Les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas malgré une tentative sur les premiers morceaux.

Vous n'aurez également qu'un demi report sur Chevreuil et des commentaires de vieux ronchons. Comme à son habitude, Chevreuil ne joue pas sur scène mais au milieu du public. Etant arrivé alors que le premier morceau avait déjà commencé, un épais mur de personnes s'était déjà agglutiné autour du duo nantais. Ne mesurant pas deux mètres vingt et n'étant pas d'une humeur à foutre des coups de boules pour se frayer un chemin, Chevreuil devient un animal invisible. Et à quoi sert d'aller voir un concert si c'est juste pour entendre de la musique sortir des baffes.
Avec tous ces groupes qui jouent dans le public, on arrive à la contradiction du groupe qui veut séparer les barrières entre lui et le public mais où ça reste toujours des mecs qui jouent et des gens qui regardent. Et le comble dans ces conditions là, c'est qu'encore moins de personnes voient et profitent du concert alors que le but recherché n'est-il pas justement le contraire ? Quelquechose doit m'échapper. Une histoire d'interaction, de fusion entre groupes et public ? Quand on voit le concert de Big'n (sur scène) à Lyon, cette histoire de rapprochement vole en éclats. Quand le groupe est bon et donne tout, la scène reste le meilleur endroit. Point barre. Fin du chapitre plaintes et complaintes. Le jeu de Julien, batteur de Chevreuil, est pourtant extrêmement visuel, un régal pour les yeux mais je fais comme toutes ces autres personnes qui en ont marre de tourner autour du pot et qui se sentent étrangères au concert, direction le bar. Dommage.

Mais n'étant pas à une contradiction près, Headwar a été la meilleure révélation de ce festival. Et devinez où ils jouaient ? Dans le public !! L'avantage sûrement d'avoir eu la chance d'être au premier rang et de profiter du spectacle (faudrait demander l'avis à ceux qui étaient derrière...), l'attraction de la nouveauté sinon vous auriez eu le droit au même commentaire désagréable que précédemment. Et Headwar, c'est effectivement un spectacle, autant à voir qu'à entendre. C'était mon premier contact avec ce groupe d'Amiens. Même pas un son de disque n'était parvenu à mes oreilles, c'est totalement chaste que je les ai découvert et ils me sont bien rentrés dans le lard. Sorte de noise-indus avec un guitariste passant aux percussions, de cris déchirants et débiles, d'une rythmique marteau-piqueur, de guitares noise et primaires comme on les aime, de déguisements et perruques qui donnent chaud, d'un chanteur qui fait se dire que quand on voit comment certains sont coiffés, on préfère être chauve, mon tout emballé dans une noirceur dérangeante sous leurs masques de guignols. Mon agacement d'avoir raté La Race et Ultracoït est enfin mis en veilleuse.

Et Shub qui suit va finir par l'éteindre complètement, cet agacement. Là encore, première fois avec le trio du Gard. Comme sur disque, un concert de Shub n'a rien de fondamentalement phénoménal, le truc qui vous retourne dans tous les sens mais leur prestation et leur sympathie communicative vous font passer un bon moment, de la simplicité qui finit par vous attacher avec des tubes qui s'enchaînent sans forcer. Ils jouent à la maison, le public est conquis d'avance. Des gars tellement sympas qu'en milieu de set, ils font une spéciale dédicace : "le prochain morceau est pour la Bretagne" et d'enchaîner avec Snob Song. De la rancoeur mal placée ? J'ai dû rater des épisodes. Heureusement, le Breton est magnanime et je suis conquis par la prestation.

Voilà, c'était pour les concerts du dimanche et en toute logique, on repasse à ceux du samedi. Professionnel jusqu'au bout. Kimmo. Là encore une première fois et en remplacement de dernière minute de Basement où là encore, c'eût été une première fois. Mais c'est vrai ça, c'est quoi le problème, pourquoi ils ne passent jamais en Bretagne ces groupes ??!! Bolt and biscuit, l'excellent dernier album en date a droit aux honneurs, un (ou deux?) nouveaux titres également, le bassiste se démène bien, dommage qu'il soit caché derrière les deux guitaristes-chanteuse/chanteur qui vivent également bien leur morceaux. Hélas, un gros problème technique viendra couper leur concert en deux. A peine le temps de se remettre dedans et c'est déjà fini. On ne rigole pas avec le timing au fuckfest.

Je pourrais continuer sur le même refrain de la première fois avec Pord mais là, c'est plus normal. Le groupe est récent, n'a encore que très peu tourné et va dignement fêter Valparaiso, son premier album qui sent le neuf. Un trio de Lozère, ça l'air improbable écrit comme ça mais dans ce département est né un groupe noise-rock qui a fait déplacé pas mal de têtes, fans du genre. Ce genre, c'est Dazzling Killmen mais sur scène, on sent beaucoup moins cette influence. N'empêche. Pord est une magnifique machine à pression, de la violence contenue qui fait mal quand elle éclate, un son parfois un peu trop brouillon et où chaque instrument ne ressort pas suffisamment pour une fessée encore plus méritée. Mais la satisfaction est présente et l'envie de les revoir est grande.

Forcément, on garde le meilleur pour la fin. Kourgane. Mine de rien, pas vu depuis avril 2009. Deux ans, c'est long et le concert de ce soir va allègrement combler cette attente. Le nouvel album Corps de Chasse bourdonne encore entre les oreilles qu'il ne quitte pas depuis quinze jours. On va y avoir le droit en long, en large et de travers car un concert de Kourgane, ça vit, ce n'est pas parfait, ça crépite, ce n'est pas la machine implacable de l'album mais l'effet est le même. Ryan Kernoa, un des deux gratteux, joue au voltigeur, monte sur les retours, manque de se casser la gueule, remue dans tous les sens. Ca s'échange du sourire en coin et des regards qui en disent long sur le degré de connivence unissant les quatre Kourgane. Je ne vous fais pas le coup de la playlist car dans le bordel, je ne retiens jamais les noms mais l'impression de tous les connaître par coeur, c'est un vrai bonheur et avec un son puissant et percutant, c'est encore meilleur qu'il y a deux ans.

Un bon festival que ce Fuckfest, pour tous les goûts malgré son orientation noise-rock, de la décontraction, des rencontres sympathiques, des visages sur des pseudos, des têtes derrière des emails, des stands de disques très fournis pour bien dépenser son argent, du picon bière, de la pinte et on ne s'est privé de rien !

SKX (05/05/2011)

Si vous voulez du grand professionnalisme, des reports complets d'une personne toujours au premier rang (il doit avoir un secret) et de photos enviées par les plus grands, allez faire un tour chez le collègue Hazam pour le jour 1 et le jour 2 du Fuckfest.