Kourgane + Gentle Veincut + Red The Planeeet
Mondo Bizarro - Rennes
mercredi 08 avril 2009

Après un hiver avare en concert (Rennes se meurt, que font les jeunes bordel ??!!), rien de telles que des associations de vieux (GSBBB et K-Fuel) pour vous remettre le pied à l'étrier. Et pas n'importe lequel ! Kourgane, l'album qui squatte la platine depuis janvier et, dans une moindre mesure, Gentle Veincut, un groupe plus tout jeune, sillonnant les route européennes depuis de nombreuses années. Je m'étais toujours débrouillé pour ne pas les voir.
Mais c'est un troisième groupe totalement inconnu et emmené par Gentle Veincut dans ces valises qui ouvre le bal. Red The Planeeet signifie Help the planet (dixit le batteur de Gentle Veincut), ça doit être du hollandais de comptoir. Et pour les comparaisons de bistrot, les organisateurs nous vendent ça comme du Steel Pole Bath Tub dernière génération. Le trio hollandais en ait effectivement féru mais personnellement, j'aurais plutôt mis Helios Creed. Une ribambelle de pédales d'effets et de micros déformant la voix à rendre vert de jalousie le grand Helios. La bassiste en rajoute avec un synthé de gala et des bruits à tous les étages, bien qu'elle s'essaye aussi à la mélodie à deux doigts. Et surtout, des costumes de scène à vomir son acide. Collants flashy, cap sur le dos avec l'initiale des trois mots du groupe en lettre d'or et pour couronner le tout, de superbes casques à vélos. Trop petit pour le guitariste-chanteur, trop grand pour la bassiste et un qui fait une gueule de bouledogue pour le batteur. A défaut de prendre son pied avec la musique, on se saura toujours bien marrer. Mais mine de rien, la musique tient la route. Rock noisy et psychédélique, un chanteur qui y met de l'énergie à défaut de trouver la mélodie qui tue, de bonnes lignes rythmiques quoique trop linéaires sur la longueur. Je n'ai même pas senti le besoin d'aller faire le plein au bar avant la fin. Un signe qui ne trompe pas (bon en même temps, le concert était court...).

En voyant pour la première fois les Allemands de Gentle Veincut, la comparaison avec Bellini (ou Uzeda, ce qui revient au même) me saute tout de suite aux yeux. La faute à la chanteuse présentant une gestuelle et un physique similaire, mais en blonde. Le guitariste est un grand gaillard voûté et encapuchonné. Je peux enfin mettre un visage sur Tariq le batteur après toutes ces années de messages électroniques interposés. Le gratteux a une bonne vieille tronche de repris de justice et m'est tout de suite sympathique. On sent qu'il peut déraper à tout instant mais c'est surtout sur la bière renversée à ses pieds qu'il aurait pu manquer de tomber. Mais avec Gentle Veincut, pas de dérapage, pas de folie et d'imprévisible. C'est sans doute là leur principal défaut scénique alors on se rabat sur la qualité des compos et le quatuor de Frankfurt nous en sert de belles parts. La comparaison avec Bellini/Uzeda reste de mise. Un noise-rock d'école, celle de Chicago, inspiré, aussi obsédante que mélancolique sous ses dehors de machine implacable. Avec dans le tas, de nouvelles compos qui laissent augurer d'un nouvel album (pour la fin de l'année si tout se passe bien) très alléchant. Le public qui commence à débarquer, s'enthousiasme et demande un rappel. L'occasion de jouer de plus vieux titres moins marqués par l'influence noise Chicago et plus coulant. Excellente mise en bouche.

Dire que j'attendais ce concert de Kourgane avec impatience est un doux euphémisme que la chaleur du houblon n'atténue pas. Impatience et crainte puisque on sait tous qu'un concert trop attendu est souvent source de déception. Mais il est écrit qu'avec ce groupe tout droit venu de Pau, il ne peut pas en être ainsi. Kourgane, sur disque, sur scène, même combat. Ca vous colle au mur du fond. Enfin, façon de parler parce que le premier rang, je ne quitterais point. Il faudra plusieurs morceaux avant de penser à se retourner et constater que la moitié de la salle d'un public déjà guère nombreux avait déserté les lieux. Kourgane, c'est tout le contraire du groupe précédent. Soit tu adores, soit tu détestes. Pas de place pour l'indifférence. Laissons les couilles molles fumer leurs clopes dehors. C'est l'avantage de la loi anti-tabac. En plus de nous débarrasser de la fumée, ça met le mauvais goût dehors.
C'est la voix de Frédéric Jouanlong qui apparemment emporte le plus de suffrage sur le niveau de crispation du public. Pas le genre de chant qu'on rencontre tous les jours. Fort, puissant, multiple. Et avec effets. Le pied droit sur un genre de pédale wah-wah pour partir dans les aigues, juste ce qu'il faut, totalement contrôlée. Excepté une intro solo à la Phil Minton sur Ce qui était prévisible et qui provoquera les rires de ces acolytes qui attendaient que ça se passe (c'est bon pour moi), c'est toujours en osmose avec la musique. Le mur fortifié et pénétrant de la musique. Sur scène, Kourgane se fait bouillonnant, moins précis que sur disque, gagne en humanité et affiche une joie de jouer insoupçonnable face à l'énorme pression infligée par le disque. On s'attend à des mecs fermés, prêts à se fracasser la tête contre les murs, des teigneux qui ne sont pas là pour amuser la galerie. On a le droit à un sourire qui ne quittera pas le visage du guitariste baryton pendant que l'autre guitariste, plus remuant, tente d'embrasser à plusieurs reprises l'épaule du chanteur et que la belle moustache du batteur est imperturbable, elle et son jeu qui ne fait pas dans la démonstration gratuite. C'est si rare de nos jours. Le chanteur se débarrasse de son t-shirt, trépigne, quelques gestes nerveux pour se délester de la pression (d'ailleurs la mienne est vide depuis longtemps mais je pense même pas la recharger, toujours un signe qui ne trompe pas !) mais tout ces faits restent mesurés.



L'album Heavy passe en entier, un nouveau titre se glisse l'air de rien. Le morceau Chemin Blanc et le fameux Tu sais Karine, on voit (long silence du chanteur) ton sein et qui me met une calotte sur disque, n'est pas bizarrement le titre qui me foudroie le plus sur scène. En fait, tout me foudroie. Le genre de répertoire et de musique taillée pour la scène, la frénésie en grandeur nature, la transe à fort volume, rien de tel pour se laisser emporter. C'est charismatique, prenant, exécuté avec sobriété et bien au-delà des étiquettes. Le genre de concert qu'on ne rencontre pas à chaque coin de soirée et ça aussi, ça devient rare. Un univers unique dans lequel on plonge - ou pas - et pour ma part, je m'y vautre sans problème. Une soirée qui valait bien quatre mois de disette de concerts.

SKX (15/04/09)
News : la version vinyl de Heavy est imminente et un EP 3 titres est prévu pour septembre/octobre 2009.


































































 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


© photos Greg/STNT - merci