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Stranded
Great Falls/Dug/Canyons/Don’t Grow Old – LP
Learning Curve/The Ghost Is Clear records 2023
Quand deux de vos labels préférés sortent une compilation,
l’hésitation n’est pas une option. Learning Curve et
The Ghost Is Clear se sont associés pour publier Stranded.
Huit titres pour quatre groupes. Et pas des moindres. Et que des inédits
(en espérant qu’ils le restent à jamais pour ce disque).
Great
Falls ouvre le bal. Histoire de bien tout exploser d’entrée
de jeu et faire place nette. Tout vous paraîtra facile après.
Alors que nos pauvres tympans restent sur la déflagration fois
trois de Funny What
Survives et dans l’attente d’un nouvel album qui est
déjà enregistré, Water From The Flood est
un déluge noise-rock extrême qui vous enfouira plus sûrement
que la dislocation d’un barrage hydraulique. Et le pont (si je puis
dire) musical au milieu fait non seulement le sel de ce morceau épique
mais génère toute l’angoisse et la grandeur d’un
titre génialement féroce et douloureux.
Ils sont là, enfin. Gravés à jamais dans le dur sur
un vinyle vert. I Have A Right To Destroy Myself et Rest.
Deux titres de Dug
qui n’existaient que dans le monde virtuel et qui ont eu le don par
deux fois de disparaître des sites qui les hébergeaient.
Cette fois, Stranded les tient pour l’éternité.
Ce sont tout simplement les deux meilleurs titres que Dug (avec deux anciens
Buildings) a composé dans sa vie qui ne fait que commencer. Deux
longues processions, surtout Rest, dépassant largement le
cadre doom dans lequel on voudrait les enfermer. Une tension sous-jacente
énorme comme les riffs et les coups de batterie, une évolution,
une répétition qui met les nerfs en pelote, crispant, oppressant
avec l’intervention d’une trompette à la fin de Rest
qui rend ce morceau dramatiquement beau.
Canyons, c’est le groupe avec Bobby Johnson au chant et boss de The
Ghost Is Clear. On restait sur une belle branlée qui s’appelait
Stay
Buried. Pour sûr il est pas question de sortir du trou dans
lequel on a déjà un pied sans le savoir car les parpaings
noise-rock continuent de voler. Avec cette voix accro au goudron et un
guitariste qui sévit aussi chez Big
Water et dont le nom est Morgan «Punch» Marbrey, Bayak
et Toast To The Eyes ne pouvaient sonner autrement que lourdement
armés et vifs sur l’homme. Belle démonstration de force
en toute simplicité.
Le seul inconnu des quatre se nomme Don’t
Old Grow. Un groupe du Massachusetts qui a déjà un 12’’
quatre titres et un split 7’’ à son actif. Et c’est
sûr qu’à ce rythme là avec cette rage chevillée
au corps, ils n’auront pas le temps de vieillir. Tout donner, tout
saccager pendant trois titres, hurler tant que l’air ne devient pas
payant mais avec la manière, dans une veine Canyons sans le coté
rouleau-compresseur, dans un bel éclair de lucidité, celui
qui donne envie de suivre les futurs pérégrinations d’un
groupe complétant à merveille ce magnifique tableau de famille.
Stranded
parce que ce disque décoince votre cérumen et améliore
votre transit intestinal.
SKX (19/06/2023)
 
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