bigwater
reptilian


Big Water
I’m Here To Drink Nattys And Fuck Shit Up, And I’m All Out Of Shit To Fuck Up – LP
Reptilian records 2021

Big Water cherche la merde. Et pas de temps à perdre. Quatorze titres pliés en même pas une demi-heure. De la baston à chaque seconde, des volées de bourre-pifs dans tous les coins, des beuglantes à tour de bras, ne jamais relâcher la pression sur les proies potentielles. I’m Here To Drink Nattys And Fuck Shit Up, And I’m All Out Of Shit To Fuck Up. Avec un nom d’album à rallonge comme ça, faut pas s’attendre à de la grande poésie. Toutes les provocations sont bonnes à prendre. Avec une bonne dose d’humour et des titres de morceaux à l’avenant dont la signification reste un mystère. My Body Is A Temple And I Treat It Like Hot Topic, Jazz Goes To Bed Early.
Un nouveau trio originaire de Kansas City avec Matt Perrin, le guitariste-chanteur de Bummer qui passe ici à la batterie, Morgan «Punch» Mabrey à la basse officiant également avec Canyons et Stephen Pellerito à la guitare, ces trois lascars évoluant ou ayant évolué dans bien d’autres groupes. Ça pourrait couler de source de dire que Big Water est un savoureux mélange de leurs deux projets les plus connus, Bummer et Canyons donc, et c’est justement ce que je vais faire. L’effet noise rouleau-compresseur de Bummer, frontal, homogène avec des compos s’enchaînant avec un minimum de nuances mais avec une balance penchant plus vers le hardcore à la Canyons que le stoner, le chaos à fond la caisse plutôt que la lourdeur boueuse, plus de nerf que de gras. Et un peu de finesse dans ce monde de brutes qui est souvent l’apanage des parties de guitare de Pellerito pour contrebalancer les gueulantes accaparantes de Perrin et Mabrey qui se mettent régulièrement à deux pour te souffler dans les bronches sans faire mine. Apporter quelques cassures de rythmes dans des morceaux ressemblant à une razzia continuelle, un brin de tendance mélodique ou des triturations retorses dans ce raffut méthodiquement ravageur et une paire basse-batterie qui sait aussi allier le groove à la puissance pour mieux te dévisser la tête. Sans oublier trois brefs titres positionnés judicieusement dans la tourmente pour jouer le rôle d’interlude oxygène et de courts samples pour faire la liaison entre deux corrections.
Alors si Big Water déclare à la fin n’avoir plus rien à foutre de mettre le bordel, comme si l’accablement leur tombait dessus subitement comme une chiure d’oiseau, il aura pour son premier album, à défaut d’être inoubliable, provoquer quelques beaux remous jouissifs comme une saine castagne sans lendemain, chercher la merde et trouver matière à en redemander. On se quitte bons copains.

SKX (20/07/2021)