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Spiritual Mafia
Alfresco – LP
Anti Fade/Ever Never records 2021

Spiritual Mafia, c’est tout d’abord un gang de têtes connues pour avoir commis de nombreux méfaits dans d’autres groupes, morts ou vivants. Le chanteur Ben Mackie ainsi que Dom Mercuri jouaient dans Cuntz. Albert Wolski est le leader de Exek. Chris Stephenson a un nouveau projet (Screensaver), a furtivement exercé chez Plax et s’est surtout fait connaître avec Spray Paint dont on ne sait pas s’ils sont morts ou toujours vivants. Et puis le dernier du quintet est Billy Gardner (Ausmuteants) et boss de Anti Fade Records, label australien puisque tout ce beau monde réside en ordre dispersé aux quatre coins de cette vaste île alors que le label new-yorkais Ever/Never participe aussi à la publication de leur premier album.
Et si le futur de ce regroupement de beau monde semble très incertain du fait de l’éloignement géographique de chacun de ses membres qui n’ont pas été aidés dans leur manœuvre par un confinement tenace, Spiritual Mafia a réussi à assembler six compositions pour former Alfresco. Tout ces efforts pour seulement six malheureux morceaux, ça peut sembler court mais Spiritual Mafia aime les longs développements, les répétitions comme des mantras, tirer sur l’élastique jusqu’au point de rupture et deux titres, Hybrid Animal et Bath Boy, naviguent dans les neuf et dix minutes. Et même quand c’est plus bref, le quintet aime aussi les répétitions, jouer avec les nerfs, de manière aride, étrange comme légèrement décalé mais toujours entraînant. Un mélange curieux mais attirant de PIL, Velvet Underground et Brainbombs. Proto-punk, post-punk et (garage)-rock. Rigidité et mélodicité ou plus prosaïquement, le point de rencontre entre les projets des différents protagonistes, c’est à dire principalement Spray Paint, Exek et Cuntz. Ça semble improbable et pourtant Spiritual Mafia n’est pas loin de l’avoir fait. Involontairement sûrement, l’inconscient de racines musicales profondément ancrées dans leurs gênes parlant un langage commun, celui d’une musique punk instinctive qui aime s’aventurer au-delà des cadres habituels, ne rien s’interdire mais toujours garder l’intensité en ligne de mire, une sombre nervosité et une certaine sobriété. Guitares effilées et bruits synthétiques qui s’agrègent autour, rythmiques droites et inusables (qui rajoutent à sa panoplie des percussions sur le magnétique Hybrid Animal), chant haletant avec ce bout de colère coincé dans les chicots. L’expérience semble assez simple (et elle l’est) mais Alfresco diffuse un parfum déviant, une alchimie provoquant l’hypnose, une transe punk du plus bel effet. En espérant que ce disque ne soit pas sans lendemain.

SKX (22/12/2021)