surplus1980
geomancy


Surplus 1980
Pigeon Obstacle Course – LP+7’’
Geomancy records 2019

L’année 2019 a été une année chargée pour Surplus 1980. Cela a commencé tranquillement par un split single avec King Champion Sounds. La vitesse supérieure a été passée avec Collectiv Ensembl en collaboration avec GW Sok. Et enfin l’apothéose avec un album, Pigeon Obstacle Course, agrémenté d’un single gravé que d’un seul coté avec les six minutes de l’instrumental Morale Is High parce qu’il n’y avait pas assez de place sur l’album rempli jusqu’à la glotte de compositions aimant les longs développements.
Avant ce gros surplus d’activité, ce fut six années de silence depuis Arterial Ends Here. Entre les deux, un futur incertain d’un groupe qui a failli en rester là. Mais c’était sans compter sur la volonté farouche du créateur du groupe, Moe Staiano, ex Sleepytime Gorilla Museum et Mute Socialite, de poursuivre l’aventure. Quelques changements de personnels plus tard (Melne Murphy et Bill Wolter (guitares) sont restés, Mark Pino (batterie) et HL Nelly (basse et enregistrement) sont arrivés), Surplus 1980 revient plus assoiffé de rythmes que jamais. Et de pigeons. Non pas pour leur shooter dans les plumes mais pour les protéger. Be kind to pigeons and all other living things. Chacun sa marotte.
À bas donc les lignes à haute tension et les avions, Pigeon Obstacle Course vole toujours au-dessus d’un champ de rythmiques riches et inventives. Moe Staiano, batteur à la base, laisse désormais la place sur le tabouret à Mark Pino pour se consacrer au chant. Ça ne l’empêche pas de régulièrement le seconder avec des percussions, un tom basse sur Perilous Night N°4 (une reprise de John Cage), un marimba, des cloches, du glockenspiel, une cabasa, des clappements de mains, un moule à gâteau et même des piétinements sur Failure Of Commitment. Au final, tout participe à ce sentiment rythmique. Le jeu des guitares, la basse bien sûr, la scansion des mots, la répétition des mesures, l’allant général d’un post-punk de plus en plus trépidant et sec qui va à la rencontre d’un avant-rock tonique et savamment construit avec parfois des teintes free-jazz et une acidité punk.
Un Pigeon qui évolue en masse, homogène, où il est souvent difficile de savoir quand arrête un titre et commence le suivant, comme un grand vol groupé, avec des figures de hautes voltiges qui ont des allures complexes mais finissent par devenir fluides, dynamiques et drôlement intelligentes. Tout se ressemble alors qu’en fait, tout s’assemble, s’imbrique avec malice, sans forcer, avec entrain et de multiples trouvailles originales (l’attirail des percussions donc), une trompette sur 261, des prepared guitars, un piano, un melodica, la présence de plusieurs chants et chœurs. Les multiples changements de cadences, l’intensité insufflée, les coupures voir des embardées vers un climat plus mélancolique et très beau avec Is That Better ?, les douze minutes centrales de Temporarily Present se modifiant constamment dans un véritable caoutchouc rythmique et d’ambiances variées sont autant d’éléments prouvant la grande vitalité et inventivité du groupe d’Oakland. Ça s’écoute comme une folle course poursuite débordant de collisions sans gravité et de surprises alléchantes, une mécanique rutilante et faussement compliquée et un énorme souffle généreux qui embarque tout sur son passage, pigeons compris.

SKX (16/02/2020)