heads
thischarmingman
glitterhouse


Heads.
Push – LP
Glitterhouse/This Charming Man records 2020

La nuit marque un tournant. Grosse poussée de fièvre chez Heads. Impossible de s’enlever de la tête Weather Beaten. Le titre le plus intense et incendiaire du répertoire du trio qui voit s’installer derrière la batterie un nouvel arrivant (Nic Stockmann en lieu et place de Peter Voigtmann). Un titre en forme de tempête infernale sous le crâne dont le cercle des vents ne fait que croître pour tout anéantir sous le joug de son puissant souffle ravageur et inédit. Et comme le suivant Push You Out To Sea entretient cette témérité nouvelle, Push, troisième enregistrement de Heads, imprime un pas conséquent, un pas en avant dans ce noise-rock hybride qui ne cesse de prendre de l’ampleur.
Collider représentait déjà une belle avancée. Push va plus loin dans la diversité, dans cette passion qui les anime et cette apparente retenue qui prend un sacré coup de chaud. Comme si Heads passait à la vitesse supérieure, malmenait son rock, le confrontait à des courants traversés de pulsions violentes sans se départir de cette classe, cette sobriété et profondeur qui font de Heads un groupe si spécial, attachant et âprement émouvant.
Quelle que soit la vitesse à laquelle évolue Heads, quel que soit le niveau d’agressivité, Push résonne comme jamais d’une vibration particulièrement palpitante et bizarrement réconfortante. La voix grave de Ed Fraser semble avoir trouver un nouveau degré d’abîme pour faire dresser l’épiderme. Elle roule contre la lourdeur de la basse de Chris Breuer, atout d’un charme revêche aussi assourdissant que robuste socle sur lequel se reposer. L’impact de chaque son de chaque instrument est important et contribue à la force de cet album.
Le trépidant et très rock Nobody Moves And Everybody Talks devient alors le prolongement naturel du plus lent et dense Rusty Sling. Les cinquante-deux secondes de l’immatériel A Swarming Tide prennent toute leur consistance dans les sept minutes et quelques de Paradise développant des nectars complexes et envoûtants. L’introductif Empty Town fait écho au dernier titre As Your Street Gets Deserted avec un habillage sonore identique à mi-chemin d’une ambiance industrielle que Fraser fait trembler d’une tonalité menaçante.
Et comme Heads n’est pas un groupe noise-rock lambda et qu’il envisage son univers de façon large, de nombreux invités interviennent, notamment à la guitare que Fraser partage avec Markus E. Lipka, Jobst M. Feit, Rosa Mercedes qui joue sur le projet pas si solo de Ed Fraser et Kristof Hahn et sa lap steel guitar qui se fait habituellement entendre du coté de chez Swans. Pour toujours un peu plus de générosité, de couches sonores qui vous enveloppent, de sons qui écorchent et caressent dans un mouvement identique, de frappes qui cognent le plexus et pour enrichir des compositions magnétiques à la personnalité indéniable. Push, un disque de noise débordant habilement du cadre pour se répandre dans des flux porteurs d’une électricité encore plus étincelante et aller toujours plus loin dans le bonheur.

SKX (06/07/2020)