losttalk
spooky


Lost Talk
Symbol/Signal – LP
Spooky records 2018

La pochette est pleine de signes énigmatiques et incompréhensibles mais la musique de Lost Talk n'est pas perdu pour tout le monde. C'est du noise-rock des Antipodes de première catégorie avec six Australiens qui ont déjà eu maintes fois l'occasion de montrer tout leur talent. Le line-up est très alléchant. Steven Smith, guitariste-chanteur de feu Scul Hazzards (dont l'album posthume Epitah Reset devrait sortir un jour sur Rejuvenation). Max Ducker, guitariste aussi dans d'excellents groupes hélas trop méconnus (Hoarse, Mutton). Sam Reid, batteur de Bone. Jason Barfoot, percussionniste qui a déjà joué avec Max Ducker dans Mongrel Country. Andrew Brown (Worm Crown, inconnu au bataillon) et la petite nouvelle qui ne fait que chanter mais le fait super bien, Amy Mowle. Vous êtes entre de bonnes mains et leur premier album Symbol/Signal est un immense tapis rouge de bonnes sensations.

Lost Talk flirte avec l'axe américain et ancien Jacks/Jack'o'Nuts mais également l'axe italien Bellini/Uzeda. Pour le même prix, il est permis d'ajouter les Lyonnais Tombouctou, notamment pour le chant varié tout en folie maîtrisée. Lost Talk, c'est beaucoup de monde sur scène. Batteurs en doublette, deux guitaristes mais ce n'est jamais un bordel sans nom, une déflagration qui en met partout sur les murs. D'ailleurs, la présence de deux batteries n'est pas toujours flagrante. Sauf quand Barfoot se met en mode percussionniste et insuffle un vent tribal à la section rythmique. Les rythmes se doublent, se chevauchent, se décalent, ajoutant de la richesse sans la confusion. Les deux guitaristes aiment enrouler leurs échardes piquantes dans un voile mélodique et finement dissonant et le bassiste n'est pas en reste. Ses lignes de basse ont de la souplesse, du rebond, de la rondeur et du volume comme sur Chrome Alone à l'allure aussi espiègle que sanglante.
Symbol/Signal possède une écriture fine et acérée, convulsive et pourtant si limpide au final, ponctuée par les jappements, feulements de Amy Mowle, sa hargne qu'elle canalise à merveille, plaçant toujours sa frénésie à bon escient. Les neuf titres bouillonnent, sont fiévreux et pénétrants, se jouent du chaos avec malice, vous plongent la tête dans la frénésie avant de la rattraper avec des accroches subtiles et nombreuses pour des compos plus alléchantes les unes que les autres. Un coup de maître d'entrée de jeu.

SKX (20/08/2018)