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riotseason







USA/Mexico
Laredo – LP
Riot Season 2017


Avec Craig Clouse (Todd/Shit And Shine) à la guitare, Nate Cross (When Dinosaurs Ruled The Earth) à la basse et King Coffey, batteur mythique des Butthole Surfers, il ne fallait pas s'attendre à de la musique de dentellière. Ils nous ont gâtés. USA/Mexico donne envie de retapisser tout le Texas avec une bétonnière à clous.
Laredo, ville frontière entre le Mexique et les USA sur le Rio Grande. USA/Mexico les fume tous, éclate les murs, même ceux qui ne sont encore pas construits et répand une grosse couche de napalm sur la gueule de tous les réacs. Psychédélisme de la mort. Bruitisme de l'au-delà. Noise du troisième type. En des temps reculés, ce disque serait sorti sur Trance Syndicate records, les Butthole Surfers auraient déjà été dans le coup, Drain aurait mis la main à la pâte et les Pain Teens auraient béni tout le monde. Mais comme le vingt-et-unième siècle est bien entamé, que la violence est montée d'un cran et que les pédales d'effets sont encore plus perfectionnées, Laredo est un terrible moment à passer. Dans tous les sens du terme.
La voix est honteusement trafiquée, déformée, méconnaissable. Cela peut s'avérer déstabilisant, usant parfois, flippant toujours. La guitare est en mode fin du monde. La basse a la pesante tâche d'achever les survivants. C'est d'une lourdeur sans nom. On sent bien que le soleil tape à la verticale à Laredo. Une sorte de torpeur de plomb. Le disque semble tourner à la mauvaise vitesse. Je me suis fait avoir sur le premier titre Possom Trot. Non, ça tourne bien en 33 tours. Ça s'accélère sur le second morceau mais là, c'est la platine qui devient poussière. Non, tout marche bien. La guitare déraille, est férocement encrassée. Donnez moi tout de suite le nom de ces pédales qu'on les retire du marché. L'impression plus d'une fois que les enceintes vomissent une bouillie sonore. C'est particulier mais grâce à une rythmique massive, répétitive qui permet de garder les pieds sur terre, avec cette basse énorme dans la tempête, l'album s'avère aussi sauvagement hypnotique, cruellement efficace, continuellement azimuté. Et quand la conjecture de la voix revenant à plus d'humanité, de la musique et de la lune sont au point de rencontre le plus haut dans le ciel des dieux du bruit, ça donne Bullets For Pussy, soit USA/Mexico en mode Terminal Cheesecake de l'enfer. Laredo n'est pas une naïve rivière coulant entre de beaux arbres verts. C'est de la lave en fusion descendant d'un méchant volcan. Commence déjà à courir sauf si t'as envie de crever dans les flammes de l'enfer.

SKX (20/06/2017)