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When Dinosaurs Ruled The Earth n'ayant pas débourré depuis la dernière fois, leur album Jeans Shopping With Jesse est à nouveau marqué du sceau de la sensualité débordante et la luminescence pour mélomanes avertis. A l'image de ce type allongé dans un champ ressemblant à rien, entre le coin de verdure sauvage et la décharge publique, les cinq texans pourraient donner dans le subtil, magnifier les mélodies mais préfèrent tout détruire dans un grand élan de générosité, casser tout ce qu'ils touchent, salir jusqu'à plus soif le moindre espace sonore, piétiner les lois élémentaires de l'acoustique. Ou alors, ils aiment vraiment ça, un art de vivre, une seconde peau, ce bruit charnel, après moi le déluge.
Cependant, bien que la débauche leur colle aux basques, que le titre d'ouverture Whazzup to the Spirit World se coltine en plus un saxophoniste, un trompettiste, un violoncelliste et les terroristes anglais de Shit and Shine pour une purée au final inaudible, Jeans Shopping With Jesse ne joue pas la surenchère. Ce détail échappera aux fameux mélomanes avertis qui de toute façon, n'écouteront jamais ce disque de bourrins, mais pour tous les autres, les boit-sans-soif et les culs de jatte, cette minime différence peut être salutaire. Comme un degré moindre dans les aigues, une gravité accentuée, aussi bien dans les tonalités que dans les rythmes. Il ne reste pas moins que ces six nouveaux titres sont du domaine de la transe noise, de la fornication qui fait saigner, un énorme piston à bruit et à déflagrations à peine jugulé. When Dinosaurs Ruled The Earth y déclare son amour à Bill Callahan sur Fuck Bill Callahan, rend hommage aux éjaculateurs précoces sur le court et rapide Gerbear et achève les toutes dernières résistances sur les neuf minutes finales de Jah Fingies, combat de titans, implosions des enceintes. Comme la pochette en noir et blanc qui déteint à la manière d'un vieux journal, When Dinosaurs Ruled The Earth en fout plein les doigts, ça déborde de partout, les potards sont à l'agonie, la lévitation transcendantale par le bruit est en marche, le corps se disloque, les bouts de chairs jonchent les quatre murs du salon mais on aura eu le temps de prendre son pied avant. On sait désormais pourquoi les dinosaures ont disparu de la surface de la terre.

SKX (03/09/2012)