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Total Victory
vs. Big Electric – LP
Specific 2016

La victoire de l'électricité. Totale et grande. Total Victory vs. Big Electric n'est pas techniquement parlant un véritable nouvel album mais la compilation de deux formats courts, Tour EP en 2013 et If You Were There en 2016, réalisés uniquement en version plus que moins virtuelle car quelques substituts avaient été pressés en mode CD-r à la va-vite pour les tournées. Et comme les cinq gars de Manchester posant fièrement dans la caravane du Jardin Moderne à Rennes aiment bien faire les choses et gâter leurs fans, deux inédits (Winter In House et Rabbit Killer) viennent compléter le disque.
Mais de la façon dont sont agencés les morceaux et vu leur qualité, vs. Big Electric peut aisément être considéré comme un album à part entière. Le troisième. Avec une ligne toujours post-punk mais de classe mondiale, pas le vulgaire ersatz (pléonasme) copiant les anciens, le truc qui s'alignerait sur la concurrence sans chercher à labourer sa propre ligne directrice. Sur Big Electric, Total Victory rajoute une poignée de mélodies dont le groupe n'a jamais été avare mais la dimension pop et mélancolique frappe plus instantanément sur Counting Hill, Rabbit Killer ou Pine Cone. Une douceur, un piano et de la lumière dont Total Victory n'est pas si coutumier.
A l'opposé, vous avez les quatorze minutes de Kalfon (Pas l'Acteur) qui n'est donc pas un hommage à Jean-Pierre mais plutôt à Fred qui a sévi dans feu-Berline 0.33 (Total Victory a l'amitié solide). L'histoire d'un rêve dont cette copieuse compo est la bande-son. Le versant expérimental et inédit de Total Victory. Qui tourne au cauchemar entre drone inquiétant, mantra noisy et répétitif, chant perdu dans la reverb et montagnes russes qui font perdre le goût du sommeil.
Pour le reste, c'est cette capacité confondante pour écrire des titres à l'urgence latente, le chant scandé pour l'enfoncer dans le crâne et être sûr que personne n'oubliera les paroles acerbes répétées en boucle. Arnhem et Atherton Derby sont ainsi deux beaux hymnes indés comme Total Victory sait s'y bien en écrire, tout comme Mass Firings ou House Of Lords et les deux guitares dessinant toujours des volutes aussi envoûtantes et acérées, voir Golden Calf qui nous rappelle que Manchester est aussi la ville de The Fall. Total Victory a l'art de construire des ambiances à l'aura atmosphérique mais avec plein de dureté à l'intérieur et autant de noirceur enfouie qui éclaire.
Ce disque à peine sorti qu'un nouveau se pointe dans quelques semaines. Il s'appelle English Martyrs. Une nouvelle accueillie avec joie mais aussi avec beaucoup de peine car c'est synonyme d'un quatrième et dernier album avant une longue pause, longue, très longue pause, tellement longue qu'elle va sans doute s'avérer définitive...

SKX (16/02/2017)