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Total Victory
National Service – LP
Evening Economics, Bruisson, Katatak, Kerviniou, Tandori 2014

Les disques qui ne sortent que dans le monde du virtuel et s'oublient rapidement dans les donjons des disques durs ont provoqué suffisamment de désappointement pour ne pas se réjouir quand un album voit enfin la vie en vrai. Même deux ans plus tard. Depuis 2012, National Service faisait régulièrement chauffer les lecteurs MP3. Désormais, ce seront les platines vinyles. Une histoire de rencontres, de frôlements, de regards entendus à l'orée de la nuit, d'amour transi à l'haleine chargé de quelques fans qui ont également la bonne idée de faire des labels, ah le monde est parfois merveilleux et me donne envie d'embrasser un bouc.
Total Victory – car oui, le nom du groupe est Total Victory et non National Service comme laisse supposer la pochette alors que Total Victory n’apparaît qu'une seule fois en tout et pour tout, en minuscule sur la tranche du disque – donc disais-je, Total Victory, c'était surtout jusque là le souvenir d'un concert énorme de bonheur communicatif au Bar'Hic à Rennes, le 1er novembre 2013, une soirée à faire danser les morts. Désormais, Total Victory sera également synonyme d'album incontournable. Et donnerait (presque) envie de la réhabilitation du service national parce que des hymnes là-dedans, c'est pas ce qui manque. A commencer par What The Body Wants, The Body Gets. A moi la légion. Fâcheuse tendance à n'écouter que lui au début. A hurler avec Dan Brookes le titre du morceau jusqu'à se faire péter les cordes vocales. Boucle parfaite d'un refrain imparable dont on parviendrait presque à regretter le ralentissement progressif de la cadence quand le chanteur décrète à ses musiciens de Slow Down. Petite mort jouissive. Comme tout le reste.
Le groupe de Manchester manie le post-punk avec des armes de feu, l'incendie, le malmène de décharges plus rock et noise, lui font prendre de la hauteur grâce à deux guitares pleines de finesse, de ressort, insufflant son lot de mélodies lumineuses et un groove appuyé tout en muscle racé. Churchbuilder qui ouvre l'album, National Service, Reverse Formation à la tendance brumeuse et mélancolique ont également de belles têtes de vainqueurs. Et face B, après un Secession Day aux chœurs houblonnés, deux autres fantastiques (longs) morceaux de bravoure. L'hypnotique et tendu Holy Cross et le véhément King of Discipline. Le chant de Brookes fait encore des ravages, montant d'un cran dans l'intensité et la rage, égrenant les mots comme des crachats à la face d'un gradé.
Oui, c'est la guerre avec leur deuxième album National Service au songwriting impeccable et à la fin, il n'y a qu'un gagnant, un seul, les grands Total Victory, sur toute la ligne. Et nous aussi, chanceux que nous sommes d'avoir enfin ce disque entre les mains.

SKX (03/09/2014)