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Jessica 93
Rise – CD
Music Fear Satan/Teenage Menopause 2014

Les services Vicissitudes & Troubles de l'Apathie de Perte & Fracas ne sont pas en avance sur ce coup là. Ça fait déjà un bon paquet de mois que Rise a vu le jour, une multitude d'articles lui sont tombés dessus et j'avoue que j'ai eu du mal à m'y mettre. Je sentais déjà poindre le vilain museau d'un début de lassitude à l'écoute du split avec Mistress Bomb H et le morceau Endless. Comme un signe avant-coureur que ça ne tournait plus aussi parfaitement rond depuis le premier EP. Ou plus exactement, que ça tourne trop bien. Who Cares est encore tout chaud que Rise déboule, donnant l'impression de rebondir à plat comme une redite sans surprise. Sans compter que les effluves des années 80, ça va un moment. Et je n'ai jamais eu The Cure en odeur de sainteté. Bref, les affaires s'engageaient mal.
Mais la recette a beau être connue, l'ambiance attendue, il est difficile de résister à une bonne chanson. On n'a d'ailleurs jamais fait aussi bien qu'une bonne chanson, simple, entêtante comme si vous l'aviez toujours entendue, hypnotisante et Geoffroy Laporte (qui se fait appeler Jessica 93 sur les réseaux cibistes en compagnie de son pote Nafi (Noir Boy George mais aussi The Dreams, Le Chômage, Plastobéton) dans leur Visa jaune) en connaît un rayon dans ce domaine. Alors quand arrivent Now, Surmatants et surtout Asylum, le charme, insidieux, se glisse entre les résistances et fait ses basses œuvres. Une bonne grosse ligne de basse, des boucles de guitare mélodique, la boite à rythme, le chant éthéré et vogue le magnétisme des grands fonds comme si c'était la première fois.
Mais Rise, ce sont aussi des morceaux plus convenus, des morceaux qui ne prennent pas comme Karmic Debt et surtout les deux derniers, les huit minutes trente d'Inertia et Uranus. Comme si Jessica 93 avait été au bout du truc, touché du doigt les limites de sa recette. Le ciel s'est dégagé, les éléments se font plus légers et ces morceaux, sans être désagréables, ne font que passer. Il suffit d'une ligne de basse moins captivante, des riffs plus faiblards et les brumes cold et noisy de Jessica 93 s'évaporent dans l'indifférence et quelques longueurs monotones.
Reste un titre. Un titre à part. White Noise. Ce ne sont pas cinq minutes de bruit blanc mais une vénéneuse procession, une mélodie arabisante, un psychédélisme bizarre, une guitare qui ne fait pas comme d'habitude, un titre qui dénote dans le lot, le meilleur des sept, totalement ensorcelant et surtout, un titre qui ouvre des portes. Et Jessica 93 en aurait bien besoin sous peine d'un essoufflement qui a pris possession de la moitié de ce second album mais qui laisse l'autre partie encore respirer et de belles manières. Rise mais gare à la chute.

SKX (07/04/2015)