noxagt
dridmachine


Noxagt
Collection 1 – LP
Drid Machine records 2014

Les racines du mal. Alors que tout le monde s’extasie – à juste titre, là n’est pas la question – sur Staer, il est bon de remonter quelques années dans le temps et de s’intéresser à Noxagt, autre trio norvégien qui, en compagnie de son faux-jumeau Ultralyd, a en quelque sorte montré la voie à MoHa ! et, donc, à Staer. Bon, la Norvège c’est un tout petit pays, on doit s’y emmerder fermement, surtout lorsqu’on gravite autour d’une ville portuaire du sud-ouest du pays (Stavanger). Et, fatalement, tous les groupes cités ci-dessus sont consanguins : le bassiste Kjetil D. Brandsdal a joué dans Noxagt et Ultralyd ; Anders Hana (ex MoHa!) jouait également dans Ultralyd et a participé à la deuxième mouture de Noxagt (qui a donné l’album sans titre publié en 2006 par Load records) ; Morten Olsen (ex MoHa! lui aussi) jouait de la batterie dans Ultralyd ; Kjetil Møster, saxophoniste d’Ultralyd, a participé à deux titres du deuxième album de Staer, le génialement éprouvant Daughters (Gaffer records, 2013).
Maintenant vous savez tout ou presque, sauf ce qui vous attend à l’écoute de ce Collection 1 qui comme son nom l’indique est un album compilant des inédits de la première période de Noxagt c’est-à-dire des enregistrements datant d’une époque où le line-up du groupe comprenait un violoniste (Nils Erga). Un line-up avec lequel Noxagt a publié ses deux premiers albums, déjà chez Load records – Turning It Down Since 2001 (2003) et The Iron Point (2004). Pour planter un peu plus le décor je retranscris également ici l’extrait d’un texte imprimé au verso de la pochette de Collection 1, un texte écrit par un membre du groupe anglais Hundred Reasons alors en tournée et se retrouvant à partager l’affiche avec Noxagt sur une date norvégienne : […] The band before us are called Nogaxt (or something) and they consist of drums, a distorted bass, a distorted violin and about 200 decibels of the worst one-note free-form rubbish you’ve ever heard in your life. People take one listen and run screaming back to the campsite. Ces commentaires, venant d’un groupe d’emocore complètement dégueulasse, sont évidemment aussi prévisibles que réjouissants.
Mais ce qui est encore plus réjouissant encore c’est l’écoute de Collection 1 qui effectivement donne envie de hurler : du bruit ! de la fureur ! du chaos ! On notera au milieu d’extraits de concerts à la qualité sonore plus que variable – mais jamais pourrie – quelques vrais enregistrements studio dont un Titanic magnifique et über chaotique mis en boite en 2004 pour ce grand visionnaire de John Peel… mais pourquoi n’y-a-t-il qu’un seul extrait de cette BBC session sur le disque ? est-on en droit d’en espérer beaucoup plus sur un éventuel Collection 2 ? On retrouve également Billy Anderson – producteur des deux premiers albums de Noxagt – en guest au chant sur un Acasta Gneiss tout en lourdeur. On bloque surtout sur cette assise rythmique si particulière avec un couple basse/batterie très en avant comprenant la batterie de Jan Christian Lauritzen Kyvik, très tribale et dotée d’une puissance de frappe affolante, et la basse tenue donc par Kjetil D. Brandsdal. Son jeu est à la fois des plus reconnaissables et des plus emblématiques, point d’ancrage et de ralliement de toute cette scène de Stavanger (appelons-la comme ça, faute de mieux). Enfin, le violon – bien que sur certains enregistrements il ait parfois un peu de mal à se faire entendre – est l’élément incontournable d’un groupe qui ne ressemblait à aucun autre. Un groupe capable de faire bien plus de barouf que la plupart des groupes de noise-rock dotés d’une guitare comme de s’adonner à des tourneries envoutantes et s’enfonçant complaisamment dans un minimalisme écorché de première catégorie. Voilà en tous les cas qui donne foutrement envie de se replonger dans la discographie de Noxagt, une discographie qui depuis 2013 s’est enrichie de cassettes live (publiées également par Drid Machine) et surtout de Brutage, quatrième album du groupe publié en même temps que Collection 1 et dont on reparle incessamment sous peu.

Hazam (07/05/2014)