aeroflot
head


Aerôflôt
Santa Muerte - CD
Head 2012

Santa Muerte, une sainte mexicaine pas très catholique, tout comme il est difficile de savoir à quel saint se vouer avec le groupe bordelais Aerôflôt. A défaut de Mexique, ça serait plutôt l'auberge espagnole. Pas franchement rock mais quand même, un peu garage-rock, psychédélique, noisy, chants noyés sous la reverb, space ou tendance rentre-dedans, Aerôflôt a surtout un parti pris qui en fait toute la particularité et qui peut rebuter, c'est d'être placé sous la forte dépendance de deux synthés, dont un moog. Des sonorités, surtout celles du moog qui ont tendance à gaver. C'est d'ailleurs ça qui avait rapidement eu ma peau lors de leur concert au Fuckfest. L'avantage du disque, c'est qu'on peut y aller à petite dose, y retourner quand on veut et apprécier au fil des écoutes. Ou modérément.
Ce qui est sûr, avec l'omniprésence de ces claviers dont un des deux faisant souvent office de rythmique-basse, la guitare coincée entre les touches noires et blanches et qui fait masse, la reverb systématique sur les voix, c'est qu'Aerôflôt possède un son bien à lui, un son particulier que Stephen Krieger (Amanita records) a mis en boite, un son qui ne laisse pas indifférent, pour le meilleur et pour le pire. Aerôflôt fait donc fait planer, Aerôflôt fait danser, tente l'hypnose et les drogues douces, sort le morceau imparable (God is Satan), met une couche de noise et de véhémence avec Master, rappelant The VSS et Chariots, se robotise sur Humanos pour terminer sur People, un titre qui m'avait laisser froid au début avant de doucement m'envelopper dans ses volutes shoegaze mélancoliques. La tendance rock discoïde de Aerôflôt agace aussi, leurs effluves ne provoquent aucunes réactions parfois, l'abus de moog/synthés pèle les nerfs les jours impairs et au final, on se retrouve avec un commentaire identique à celui de Disco Negro, leur précédent album.
Un disque aussi plaisant que crispant pour un groupe qui cherche, qui tente, se nourrit de plein de choses pour créer la sienne en se révélant tout de même plus intéressant que les premières écoutes ne le laissaient craindre. Santa Muerte te salue.

SKX (22/06/2012)