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Corker
Falser Truths – LP
Feel It records 2023

Découvert par l’intermédiaire de The Drin avec trois membres en commun, Corker a publié son premier album à l’automne dernier et il serait bon de s’en faire l’écho. Luke Corvette (chant, guitare), Cole Gilfilen (guitare, synth) et Ryan Sennett (basse, synth) ne font pas que servir de backing band à Dylan McCartney et son bébé The Drin, ils sont de grands garçons composant, avec l’aide Alex Easterday à la batterie, un disque qui a fière allure.
Un groupe de Cincinnati que vous verrez épinglez sous la bannière bâtarde de post-punk mais la réalité est bien plus complexe. Cet album ne s’appelle pas Falser Truths par hasard. Corker aime vous embarquer sur de fausses pistes, faire croire qu’il tape dans un genre, troubler les sens pour à la fin créer une musique dense, très engageante tout en étant insaisissable. Une esthétique sonore qui peut faire remonter la mémoire à la glorieuse époque du post-punk historique mais que Corker transcende avec des strates très abrasives, une approche plus sauvage (vous pouvez enlever le post avant punk), une propulsion constante qui, si elle peut faire danser, donne surtout envie de tout envoyer valser et finit par se montrer viscéralement hypnotique. Le tourbillon vous entraîne dans son infernal groove, le chaos menace. C’est le noir reflux d’une vieille démence s’agitant dans un épais brouillard incandescent.
Mais Corker ne va pas vous engloutir. Les deux guitares se démènent pour trouver des phrasés mélodiques salutaires, des riffs qui retournent la tête, piquent, grattent, enflamment et des structures de morceaux génialement échafaudées qui font les titres terriblement accrocheurs à l’instar de The Cold Air. Avec des patterns rythmiques qui ne donnent pas leur part au chien, les interventions des synthés rajoutant des couches envoûtantes (Seeking, Marching), des bruits indéfinis comme autant de gimmicks, Corker se promène sur un spectre aussi noise que garage et punk mais toujours avec une écriture sacrément enlevée alignant les compos s’enchaînant avec limpidité mais sans aucune facilité. Et quand sonne la fin de Falser Truths, les presque sept minutes du dernier et magistral Sour Candy ne font qu’accentuer ce sentiment que Corker a déjoué tous les pièges et réussi un coup magnifique.

SKX (17/04/2024)