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Will
Haven
VII – LP
Minus Head records 2023
Après un retour très réussi avec Muerte
qui avait frappé à la porte jusqu’à la défoncer,
Will Haven revient cinq ans plus tard armé d’intentions similaires.
Un septième album sobrement intitulé VII en chiffres
romains mais ça va pas être du latin. On sait où on
met les pieds avec Will Haven. Une grosse branlée post-hardcore
/ noisecore, bien lourde, bien sombre, torturé comme il faut sur
les bords. Mais Will Haven n’est pas un groupe technique. Jamais
de trituration de manches, de plans rythmiques complexes ou de structures
alambiquées. Will Haven, c’est avant tout un mélange
d’émotion et de brutalité. Et sur cette nouvelle livraison,
le groupe de Sacramento a rajouté une couche d’ambiances et
de textures spacieuses pour donner plus d’ampleur à leur rudesse
congénitale. Et contrairement à ce qu’on pourrait croire,
ce n’est pas le fait de synthés qui ne sont pas si nombreux
que ça (bien moins que précédemment aux dires du
guitariste et compositeur Jeff Irwin) mais l’apanage des guitares
et des pédales d’effets associées qui les font sonner
parfois comme des synthés. Ce qui fait que sur scène, pas
besoin de claviers pour jouer ces morceaux, un second guitariste (Sean
Bivins) suffit bien qu’il soit uniquement crédité aux
keyboards/piano sur VII. Les atmosphères lugubres sont aussi
prépondérantes que les parpaings qu’on se prend sur
la tronche. Les riffs saignants se répercutent, se prolongent sur
des étendues qui filent le vertige. L’entrelacement coule
de source et Will Haven peut piétiner les têtes sans se retourner,
flotter autant qu’il écrase, sortir la panoplie de rythmes
méchamment appuyés, entre lenteur massive et accélérations
diaboliques, voir se la donner Converge (parti à la pêche
désormais) sur Diabolito. Une émotion brutale donc,
épique juste ce qu’il faut, du sauvage qui sert les tripes
plus d’une fois, abrasif et vaste comme un désert de glace
que le chanteur Grady Avenell brise plus d’une fois de son impressionnant
organe vocal, style Tim Singer, tout en diversifiant toujours un peu plus
ses approches.
Et si le dernier titre nommé La Ultima Nota pourrait laisser
croire que Will Haven vient de sortir son ultime disque à jamais,
il n’en est rien. Mais au cas où, Will Haven s’est dit
que ce serait bien que le dernier titre de leur tout dernier album soit
joué par les fans du groupe. Via les réseaux sociaux, Will
Haven a donc demandé à qui veux bien de jouer un sol dièse,
qu’importe l’instrument utilisé et de leur envoyer le
fichier. Trois cents contributions plus tard, de la mandoline au pipeau
et autres conneries, la guirlande des sol dièses s’est retrouvée
alignée pour former ce morceau, une ultime longue note jouée
par les fans d’un groupe qui a su transcender de nombreux genres
jusqu’à trouver le sien après bientôt trente
d’existence.
SKX (19/11/2023)
 
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