pop1280
profoundlore


Pop. 1280
Museum On The Horizon – LP
Profound Lore records 2021

Pop. 1280 a franchi un nouveau pas dans l’histoire de son évolution et j’ai bien peur que ce soit le pas de trop. La formation new-yorkaise s’est stabilisé autour de Ivan Drip, Chris Bug (le duo historique) et Matthew Hord (Basic Cable, Brandy, Running), soit le trio identique qui sévissait sur Way Station. Les machines ont totalement envahit le territoire. Synthétiseurs, programming, samples sont les seuls instruments utilisés sur Museum On The Horizon. Et si Drip est crédité également à la guitare, ça doit juste être par pure nostalgie parce que je ne sais pas à quel moment elle a pu se glisser dans ce congélateur.
Pop. 1280 a entièrement fait sa mue. Le noise-rock des débuts, les cordes électriques, la batterie, c’est définitivement enterré. Ce n’est nullement une surprise. Way Station avait largement préparé le terrain. Place nette pour un synth-punk à tendance EBM-dark-indus ou le contraire. Une grosse vague de froid à faire danser des robots déconnectés. La musique de Pop. 1280 n’a jamais favorisé le réchauffement climatique mais Museum On The Horizon est ce que le groupe a fait de pire en matière de déshumanisation. Difficile de s’emballer ou s’émouvoir pour ces sonorités synthétiques et glaciales, parfois kitsch, ces rythmiques rigides s’agitant en vain au-dessus du néant, des mélodies qui sentent la mort quand ce n’est pas un goût rance d’années 80, des airs douteux de New Order (Two-Body Problem et Force Majeure) et des compos en souffrance d'inspiration alors que Way Station montrait encore de nombreux signes de vie, d’un cœur se débattant dans les ténèbres. Museum On The Horizon prend alors tout son sens. Pop. 1280 y va tout droit. Et pourtant, je n’arrive pas à complètement le rejeter ce disque. Subsiste une tension qui peut tenir en éveil sur une poignée de titres. Un fond d’ambiance générale angoissante à laquelle s’accrocher et donne un peu d’intérêt. Une froideur à double tranchant qui peut s’avérer plus coupante que tétanisante, plus gifle cinglante que viande morte. Et, soyons de bonne foi, la guitare se fait parfois entendre comme sur Noncompliant et un brin d’abrasion ne fait jamais de mal ou sur la fin de Brennschluss mais là on aurait préféré qu’elle soit absente. On essaye de sauver ce qui peut l’être de la part d’un groupe qu’on a toujours aimé suivre mais l’horizon de Pop. 1280 ressemblance fort à une impasse.

SKX (06/02/2022)