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Pop. 1280
Way Station – LP
Weyrd Son records 2019

Le nombre d’habitants chez Pop. 1280 se réduit drastiquement. Le groupe new-yorkais tourne désormais uniquement autour de Chris Bug et Ivan Drip, soit historiquement le chanteur et le guitariste de Pop. 1280. Un nouveau membre au synthé (Matthew Hord) s’est pointé mais le duo historique a la main mise sur tout et a largement dépassé ses fonctions de base depuis longtemps. Plus de batterie mais la toute puissance de la boite à rythmes. Les synthés ont définitivement pris le pouvoir, la guitare devant se contenter de maigres miettes.
Et comme pour symboliser ce nouveau départ qui n’est en fait que le prolongement logique de Paradise, le groupe new-yorkais quitte Sacred Bones records et atterrit à Bruxelles chez Weyrd records. Un label belge connoté électronique. Pas étonnant d’y retrouver Pop. 1280. Pourtant, malgré les apparences, Pop. 1280 reste un groupe rock et Way Station, la preuve que derrière toutes ces machines, l’humain est plus que jamais présent.
L’ambiance générale est froide, synthétique mais jamais Pop. 1280 n’a montré autant de failles et de tourments. Pop. 1280 balance du bpm belliqueux, du rythme martial, du chant incisif (Boom Operator, Doves ou le répétitif Home Sweet Hole), des nappes glaçantes qui douchent les espoirs, des fréquences lourdes et noires, des sonorités comme des caves géantes de bateaux fantômes (Monument, Empathetics). Et pourtant, jamais Pop. 1280 n’avait délivré autant de funestes ballades. Qui glacent le sang ou font couler un noir venin avec un piano à la rescousse pour damner le pion aux synthés, étreindre et laisser une impression déchirante devant un tel abandon dont le duo n’était pas coutumier. Under Duress, Secret Rendezvous, les deux instrumentaux The Convoy et le crépusculaire The Deserter qui sent bon le sable chaud, sans oublier Hospice aux relents amers d’années 80, voir Leading The Spider On, seul morceau sur lequel la guitare prend les devants pour exécuter un blues traînant et électrisant, ce sont autant de compositions perturbantes et touchantes, loin d’une esthétique purement électronique malgré l’outillage et les oripeaux habillant chaque titre.
Way Station, un quatrième album varié, des morceaux donnant le sentiment d’aller dans tous les sens, multipliant les ambiances différentes et pourtant, Pop. 1280 semble comme jamais savoir où aller pour frapper le sensible derrière l’abrupt et l’austérité apparente. Way Station, une formule réduite, une démarche minimale pour un groupe gagnant en profondeur et en gravité grâce à un sens du song-writing peaufiné et plus intimiste. Et qui fait toujours mal.

SKX (05/12/2019)