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Gnod
Hexen Valley – LP
Rocket records 2022
Cela fait même pas un an que le précédent album La
Mort Du Sens a été publié et Gnod ressort
déjà un nouveau disque. D’où le caractère
encore plus brut et urgent d’un enregistrement né de longues
et intenses jams dans une vieille maison de 200 ans à Hebden Bridge
(entre Manchester et Leeds), nouveau lieu de villégiature d’un
collectif sans cesse recomposé. Pour Hexen Valley, énième
album des Anglais, Gnod l’a joué à quatre avec Paddy
Shine (guitare, chant), Chris Haslam (basse) et deux autres musiciens
qui n’ont, semble-t-il, jamais participé à Gnod, Jesse
Webb (batterie) et Richard Chamberlain (guitare). Un noyau qui se ressert,
une force de frappe concentrée voir décuplée, ça
se ressent par tous les pores de ces six titres mais ça n’en
fait pas pour autant un album plus impressionnant ou du moins plus intéressant
que les prédécesseurs.
La branlée est là, sauvage, intransigeante, les murs tremblent
plus d’une fois notamment sous les assauts démesurés
et orgasmique d’une basse gargantuesque. S’il avait été
dit pour La Mort Du Sens que c’était leur disque le
plus brutal et spontané, c’est encore plus vrai pour Hexen
Valley. De la transe punk et radical qui, malgré le caractère
unique de chaque compo, forme un bloc homogène, construit pour
faire mal, plus sale et parasité que jamais, un Gnod à l’état
naturel qui fonce dans le tas sans trop se poser de questions, laissant
les choses venir comme elles doivent exister et ne cherchant pas à
fignoler ou complexifier l’affaire.
Cela pose également les limites d’un disque où l’inspiration
peut parfois tourner en rond comme le quart d’heure de Spotlight
qui aurait mérité d’être raccourci d’un
bon paquet de minutes malgré son approche vivifiante très
God. Le prix à payer de sessions basées sur l’improvisation
où le robinet coule à flot sans toujours savoir quand et
comment l’arrêter. Antidepressants est également
un titre à deux vitesses avec son chant/refrain pas des plus avisés
mais qui explose subitement dans une tornade bruististe emportant tout
sur son passage avant de revenir à ces lignes de chant étranges
et cette unique note de piano obsédante. Quant à Waves
Of Fear, on va pardonner parce que c’est une reprise de Lou Reed
d’un morceau figurant sur The Blue Mask (1982), une longue
complainte répétitive et relativement vaine que les chants
en mode soûlards à la sortie du pub viennent consciencieusement
saccager. On sait rigoler aussi chez Gnod. C’est comme ça
dans la Hexen Valley, c’est à prendre tel quel, avec
tous les petits défauts que le groupe a embarqué dans la
tourmente et avec suffisamment de sévères dérouillées
éclairées comme Bad Apple, Skies Are Red et
Still Runnin’ pour largement trouver son compte.
SKX (04/07/2022)
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