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Girls In Synthesis
The Rest Is Distraction – LP+flexi7’’
Own It records 2022

Second album de Girls In Synthesis au milieu d’une pléthore d’enregistrements qui les voyait sortir encore un maxi en juin dernier. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que le trio anglais ne mollit pas. On va même tuer le suspens d’entrée de jeu et affirmer que The Rest Is Distraction est leur meilleure réalisation à ce jour.
Un disque comportant tous les éléments ayant fait leur frondeuse réputation, celle qui éclate une étiquette post-punk bien trop étroite pour le tumulte animant continuellement les entrailles du trio et transforme chaque titre en un absolu punk renversant et impérieux avec tout l’aplomb nécessaire et le souffle requis, du genre à donner de la consistance à leur cri enragé.
Et de la consistance, The Rest Is Distraction en gagne quelques kilos par rapport au précédent album. Tout en conservant cet aspect homogène, les morceaux sont plus étoffés, plus pénétrants, restent en bouche plus longuement. Tout comme le son, plus dense avec plein d’aspérités, de bruitages, courts-circuitages, nappages synthétiques s’insinuant comme la vermine dans des structures taillées pour la ligne droite. Et des bouts de samples dérangeants quand ce n’est pas le groupe lui-même qui prend le micro trafiqué/mégaphone pour asséner son courroux (le début de Swallowed Pill, la fin de Cottage Industry).
Car le trio londonien a de la colère à revendre, un gros paquet. Chaque seconde de ce disque respire un noir ressentiment, l’envie d’en découdre ou de hurler son désespoir. Et Girls In Synthesis le fait merveilleusement bien. Sans atermoiement, sans pudeur. Avec les crocs bien plantés dans la chair. Avec une rythmique raide et intransigeante. Une basse vibrante et dure. Avec des sonorités lugubres et abrasifs. Des riffs encore plus entreprenants, addictifs, magnétiques ou qui bouffent la cervelle. Et tout le talent de Girls In Synthesis est de fondre cet armada forgé pour la baston et la douleur dans des morceaux où l’air circule, avec de la profondeur et de la gravité comme My Husband, de l’intensité à faire chialer (Screaming), des mélodies acides et un sens du charme aussi vénéneux soit-il qui rendent ces onze titres captivants de bout en bout. Et comme Girls In Synthesis a le goût du travail bien fait, 425 exemplaires de The Rest Is Distraction (soit la Dinked Edition) comportent un flexi uniface, ce format désuet, tout transparent et tout mou avec un titre bien dur dessus et qui s’appelle d’ailleurs We Tried So Hard, histoire de prolonger le plaisir avec une compo qui n’est pas là pour faire remplissage. Écouter ce disque, le reste n’est que distraction.

SKX (31/12/2022)