clamm
meatmachine


Clamm
Care – LP
Meat Machine records 2022

Urgence en la demeure, Clamm déboule pour mettre un bon coup de pression avec Care, second album né d’une immense frustration et d’une colère intraitable. Le trio de Melbourne monte sur les barricades, crie vengeance sur les pourritures politiques qu nous gouvernent, l’extrême droite et s’insurge contre le manque de perspectives optimistes sur l’état de la planète autant que sur les pauvres de plus en plus pauvres et les riches de plus en plus gavés comme des oies. Beau programme. Ça vaut ce que ça vaut mais l’effet cathartique claque comme un gros pavé dans la vitrine de l’ultralibéralisme.
Et puis pas besoin de comprendre les paroles pour ressentir toute la rage de ce disque. Clamm met les formes. L’adrénaline est constante et les quinze morceaux de Care sont du brutal. Un punk-hardcore qui aime pogoter à la Bad Breeding, ça passe à l’énergie plutôt qu’à la mélodie, ça dépasse rarement les trois minutes et ça s’enchaîne avec simplicité pour expédier des brûlots intenses qui laissent de belles marques. Parce que Care n’est pas un disque bas du front d’un jeune groupe révolté tirant sur tout ce qui bouge sans discernement. Clamm passe la vitesse supérieure par rapport au précédent album Beseech Me. La production est meilleure, plus ample même si ça reste près de l’os. L’effet d’uniformité est battu en brèche par des compos révélant peu à peu leurs contrastes et une consistance sur la durée bien plus forte que sur Beseech Me. Deux ou trois accords perfides et aiguisés suffisent pour mettre le feu comme sur Bit Much et Something New. Les morceaux sont courts mais pas les idées avec plein de trouvailles rythmiques, de lignes de chant, de dissonances, de dérèglements qui pimentent l’âpreté générale. Maisie Everett qui a définitivement pris la place de Luke Scott à la basse participe aussi régulièrement au chant pour gueuler en choeur avec son compère guitariste Jack Summers. Ça donne aussitôt envie de brailler avec eux le poing levé des refrains fédérateurs qui tiennent souvent en une phrase. Le batteur Miles Harding tape comme un forcené apportant une dynamique jamais prise à défaut. Et les textures punk s’enrichissent du saxophone débridée de Anna Gordon sur plusieurs titres ainsi qu’un peu du synthé de Nao Anzai pour brouiller les pistes d’un album qui a l’urgence collé à la peau et bien plus habile qu’il ne le laissait paraître. Care prend soin de votre santé mentale et libère la rage qui est en vous avec perspicacité.

SKX (06/11/2022)