
badbreeding
oli
ironlung
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Bad
Breeding
Human Capital – LP
Iron Lung/One Little Indian records 2022
C’était trois jours plus tôt, le samedi 10 septembre,
dans un grand hangar isolé, dans un bois, juste de l’autre
coté de la rocade de Rennes, pour clôturer la soirée
dans un feu d’artifice qui ressemblait à une brutale déflagration
aussi féroce qu’euphorisante avec une bonne dose de n’importe
quoi pourvu que ça soulage. C’était Bad Breeding en
concert. J’ai rien compris mais c’était rudement bien.
Tout est joué à fond, vitesse et volume, les morceaux sont
méconnaissables, ça enchaîne sans respirer, des gens
dansent, (se) sautent (dessus), se défoulent dans tous les sens,
un guitariste qui a l’air d’être un petit nouveau arbore
une superbe guitare blanche en V et le chanteur éructe tout ce
qu’il peut en traversant le public. J’ai pas compté mais
ça a duré dans les trente minutes maxi (plus long n’aurait
pas été raisonnable), pas de rappel, plus de souffle mais
une grosse claque punk et hardcore sauvage, intense, libératrice.
Alors quand vous revenez à Bad Breeding en format disque, la différence
de traitement est sacrément notable. Le groupe anglais nous a pourtant
habitué à sortir des disques déterminés qui
rudoient fortement. La foudre comme un poing vengeur. Et avec Bad Breeding,
elle frappe toujours au même endroit. C’est le seul petit reproche
qu’on pourrait adresser à Human Capital qui ne surprendra
pas les personnes qui ont eu la bonne idée de s’enfiler les
enregistrements précédents.
Un quatrième album mis en boite par Ben Greenberg. Atoms,
un essai de 2000 mots de Jake Farrell. Artwork du plus bel effet qui sent
la crasse, la résistance et l’anarchie. Tout pareil qu’avant
pour l’emballage.
Et à l’intérieur, ce talent devenu sûr pour se
mouvoir entre différentes tendances sous un vernis punk/hardcore.
Il est permis d’ergoter pour dire que Bad Breeding accentue un poil
plus son approche punk avec de courtes salves (la triplette infernale
Prescription/Misdirection/Arc Eye) qui ne font pas
de prisonniers. Mais il existe toujours chez ce groupe une subtile propension
pour tordre le cou à une réalité trop prévisible.
Apporter une basse noise qui les emmène sur des terrains plus angulaires
et lourds. Une production abrasive qui gratte dans le bon sens. Dresser
dans le fond un voile sombre et désenchanté qui tempère
la rage. Un groove surprenant pour ce genre de démarche qui est
loin d’être basique et sait varier les cadences généralement
dingues. Des accroches dans la violence pour ne pas couler qui, si elles
ne se font pas du tout sentir en concert, donnent du relief à ce
déferlement incessant. Human Capital permet même de
respirer tout en rallongeant et alambiquant l’affaire (Human Capital
et Rebuilding). Bref, Bad Breeding n’est pas que ce jeune
chien fou enragé et révolté qui foncerait dans le
tas sans discernement. Il sait (encore une fois) composer des titres diversifiés
et plein d’idées malgré les apparences qui font peur,
présenter douze bombes qui ont du poids pour le maintenir dans
le haut du panier des groupes punks.
SKX (13/09/2022)






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