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The Art Gray Noizz Quintet
s/t - LP
Bang! Records 2022

The Art Gray Noizz Quintet. Derrière ce nom à rallonge trompeur qui sonne jazzy, vous avez noizz et vous avez surtout Gray, pour Stuart Gray, alias Stu Spasm, en maître de cérémonie. L’ancien Lubricated Goat qui a aussi fait des piges chez Beasts Of Bourbon ou brièvement formé Crunt avec Kat Bjelland (Babes In Toyland) en couple à l’époque et Russell Simins (Jon Spencer Blues Explosion) début 90’s continue vaille que vaille dans le grand circuit du rock’n’roll avec ce nouveau projet depuis 2015. Il sort enfin un premier album après un single en 2018 dont les deux titres (A Call To You et Won’t Say It To My Face) se retrouvent sur ce disque enregistré comme il se doit par Martin Bisi. Parce que cet album respire New-York à plein nez.
Non seulement l’Australien Stuart Gray y vit depuis pas mal d’années mais les autres protagonistes sont fermement rattachés à cette ville. ‘Bloody’ Rich Hutchins (ex-Of Cabbages And Kings, Live Skull, Missing Foundation) à la batterie, Skeleton Boy (ex-Woman) à la basse, Andrea Sicco (Twin Guns) à la guitare. Plus une section cuivrée avec Nikki d’Agostino (sax) et Nicholas John Stevens (trombone). Ça fait donc six vous comptez bien. Et on aurait pu appelé ça un quatuor vu que les deux cuivres sont présent uniquement sur une poignée de titres. Bonjour le quintet. Qu’importe.
La Grosse Pomme éclate d’un jus noir, noise et swamp. Il coule dans leurs veines les fantômes de leurs groupes antérieurs. Mais aussi Birthday Party (particulièrement évident sur Killed By An Idiot) et toute une lignée divinement crasseuse venant de cette île aux antipodes qui y connaît un rayon en rock’n’roll crapoteux. The Cramps car les racines sont importantes, Gallon Drunk voir le Cop Shoot Cop époque Releases pour des parties plus mélodiques et Unsane quand il s’agit de battre un rythme tribal, de faire crisser la guitare et d’asséner de redoutables lignes de basse aussi âpres et décharnés qu’un Skeleton Boy jouant toujours seulement sur deux cordes mais ce sont les meilleures. Du noise-rock qui transpirent les ruelles nocives de NY autant que la poussière australe que Stuart Gray survole de sa voix grondante, caverneuse, sans le grain de folie d’antan, plus lucide mais il sait calmer son monde et attirer l’attention du fond d’un organe qui a traversé bien des batailles. Hormis Life Of Crime, une reprise qui sent autant le daté que le groupe (The Weirdos) qui l’a composé en 1977 et quelques passages à la guitare un poil périlleux, la troupe de Gray fait très bonne figure et aligne une belle brochette de compos lourdes, flinguantes, chaloupées, avançant sur une rythmique pesante et intraitable, voir plus lente et menaçante des guitares (Gray en joue aussi) qui vrillent et un bel allant général. Stuart Gray retrouve une seconde jeunesse, connaît la recette et sait parfaitement la magnifier dans ce dédale farouche d’une tradition bousculée. The Art Gray Noizz Quintet, c’est du solide.

SKX (31/08/2022)