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Sweaty Palms
Quit Now – LP
Nice Swan records 2018

L’année vient à peine de débuter. Les disques estampillés 2021 ne courent pas les rues, enfin les bons je veux dire. Alors du coup, cette gazette internet en est encore à écouler son stock de l’année dernière. Pire, voilà que les disques de 2018 s’invitent à la rubrique. Plus que jamais, le temps semble s’être arrêté. Ce qui fait que le retard d’aujourd’hui sont les albums de demain.
Et que ça serait fort dommage de passer à coté de Quit Now, premier album des Écossais de Sweaty Palms dont l’écho dans nos contrées est proche du néant. Ajouter à cela un disque à la pochette hyper engageante où le nom du groupe et le titre de l’album n’apparaissent strictement nulle part, juste les titres de morceaux et le nom du label et vous pourriez croire que Sweaty Palms recherche vraiment l’anonymat le plus total.
Par contre, la musique est plus identifiable et parlante. Tout en restant ouverte à plusieurs vents qui la font tourner favorablement, soufflant dans des directions différentes mais pas contradictoires. Du post-punk au garage-rock, de The Fall à Movie Star Junkies, il pourrait y avoir un monde que Sweaty Palms condense astucieusement en pimentant d’une bonne trace de Birthday Party. Pris sous l’aile de leurs compatriotes The Amazing Snakeheads et son leader Dale Barclay décédé quelques mois après la parution de Quit Now, Sweaty Palms s’engage sur des pavés battus par cette même fougue rock (voir un reflet psychobilly sur The Illusionist) et boostée par des éclats noise d’une guitare aigrelette qui cisaille l’air pour mieux le redistribuer aux plus désespérés. Sweaty Palms opte tout de même pour une démarche allant de nerveuse à névrosé, déglinguée et moins gominée. Des morceaux frondeurs s’avançant sur un fil mais avançant sûrement, sans peur du vide et du lendemain. Après une courte intro très bruitiste, Queer Fatwa débute une série de compos piquantes se nourrissant de riffs tordus et hérissés, d’un peu de piano, de chœurs diablement angéliques sur Captain Of The Rugby Team, d’une rythmique pleine d’entrain et de mélodies acides dont l’avantage principal est de faire fondre les résistances.
Sur la face B ne comportant que quatre des onze morceaux, la donne change subtilement. C’est la face ballade et mélancolie, c’est le cœur noir de Sweaty Palms qui parle même si l’intensité est là et inhérente car nécessaire à rendre ces moments plus sereins toujours captivants. Kellyanne et à un degré moindre The Liquid Hall sont ce qui rapprochent le plus le groupe de Glasgow des Italiens de Movie Star Junkies, leur hommage à un rock pétri de classe, de chagrin et d’un abandon qui ira à l’échafaud avec le sourire fatigué. Et quand sonne l’heure de la fin avec un long Community Crass brumeux et bruissant qui fait redescendre lentement la pression, on se dit qu’on tient là un groupe assez inattendu avec plus d’une corde à son arc dont l’intérêt est qu’il vise juste à chaque fois avec un beau brin de talent. Il n’est jamais trop tard pour découvrir ce très bon disque et promis juré, on sera au taquet sur la prochaine livraison de Sweaty Palms.

SKX (21/01/2021)