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Movie
Star Junkies
Shadow Of A Rose – LP
Teenage Menopause records 2020
Après avoir publié de très nombreux disques sans
discontinuer entre 2006 et 2015 (quatre albums, douze singles, deux 10’’,
tout seul ou en split, un maxi et deux compilations, c’est ce qu’on
appelle une vie bien remplie), les Italiens de Movie Star Junkies ont
fait une pause. Que je pensais définitive mais que nenni. Movie
Star Junkies a remis le nez à la fenêtre l’année
dernière avec un split single avec Cut+Mike Watt sur Blood Sound
Fuktory et leur série Volumorama
qui avait déjà donné le très fulminant split
Gerda/Lleroy. Le quintet italien se fendait d’un excellent inédit,
You I Shall Drown, qui les annonçait en pleine forme. Movie
Star Junkies revient en plein jour avec l’ombre d’une rose,
un cinquième album qui confirme que prendre du repos, ça
revigore.
Cinq années séparent Shadow Of A Rose du EP Your
Pretty Fangs et l’album précédent Evil
Moods mais c’est comme si c’était hier. Dis comme
ça, ça peut sembler dommageable, genre le groupe qui n’a
pas su mettre à profit ce long silence pour évoluer alors
qu’en fait, il fait juste – et c’est beaucoup - que poursuivre
son chemin en le bonifiant, continuer logiquement un parcours commencé
dans la hargne et l’ivresse au ventre en le peaufinant fébrilement,
transformant leur punk-garage dépenaillé en un rock mélodiquement
sombre, tendu et pétri de classe.
Avec Shadow Of A Rose, Movie Star Junkies continue de célébrer
l’amour, la vie et le désespoir avec une inspiration qui reprend
de la hauteur. Avec un nouveau bassiste (Krano Spigariol à la place
de Emanuele Baratto qui s’occupe uniquement de la mastérisation),
Shadow Of A Rose est un bouquet avec autant de couleurs que d’épines,
d’élégance à fendre le coeur que de venin diffusant
son noir dessein. Impossible de ne pas fondre au doux parfum de East
End Serenade, trépidante ballade, mélodiquement enlevée
et composition la plus lumineuse de leur répertoire très
fourni qui fait suite à un non moins subtil Song Of The Silent
Snow. Impossible également de ne pas être aveugler par
la fougue de Blind, d'être entraîner par le titre d’ouverture
Shadow Of A Rose avec le chant de Stefano Isaia chevauchant entre
urgente allégresse et joyeuse déchéance. Impossible
de ne pas s’enfiévrer sur Opium, tumulte sombre débordant
d’effluves chargées en tremblements et en tension. Et quand
vient l’heure du répit avec le trompeur Violence qui
n’est que ballade aigre-douce ou les six minutes de Woman Undone,
blues à l’italienne quand l’hiver arrive au coeur de
l’été, Shadow Of A Rose prend une teinte faussement
fanée et ne fait qu’accentuer le coté dramatique mais
lucide d’un rock qui n’est jamais du style à s’apitoyer
sur son triste sort. Il ne reste plus qu’à se déhancher
sur le groove racé de Your Beauty Tortures, succomber aux
discrets et néanmoins envoûtants backing vocals féminins,
se rappeler que les Bad Seeds de Nick Cave avait une sacré classe
sur The Others Than You et frémir sur le fil du rasoir de
She Came Around, ses guitares aigrelettes, son rythme appuyé
et s’esbaudir, à chaque occasion qui sont nombreuses, de mélodies
plus dangereusement charmeuses les unes que les autres.
Movie Star Junkies a fini par écrire son album qui respecte ses
racines mouvementées qui les a vu naître en les sublimant
dans de magnifiques titres qui n’ont jamais sonné aussi juste,
variés, équilibrés et flamboyants. Un très
bel album de rock.
SKX (04/06/2020)

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