radiant
jarane


Radiant.
s/t – LP
Jarane records 2020

Radiant, un groupe qui rayonne depuis Paris mais qui se propage jusqu’en Italie, pays d’où est originaire la bassiste et chanteuse Simona déjà vue au sein de feu Testa Rossa. Et comme il est question de transmission, le guitariste Aurélie a aussi évolué dans de précédents groupes qui ont laissé de belles traces (Made In Canada, Schoolbusdriver, Desicobra) sans oublier le batteur Richard qui vient tout juste de quitter le groupe et donne de sa personne chez Pointe Du Lac.
Radiant, le point d’où semble venir toute sa genèse se situe dans la constellation noise-rock des 90s. Du coté de chez Touch And Go, June Of 44, Shipping News, Slint, ce noise-rock racé, sur la réserve, tendu, qui suggère plus qu’il s’emporte. Un noise-rock avec des manches en alu et des Travis Bean rutilantes afin que chaque sonorité claque dans le froid en laissant une fine trace rouge sur la peau. Et rien de tel qu’un Miguel Constantino aidé par Pierre Antoine Parois (Papier Tigre) pour que cela sonne d’enfer. Il faut entendre les vibrations naturelles sur les peaux de la batterie sur Miss Meteor, sentir le souffle des amplis, le frottement sur les cordes, la chaleur abrasive, les ondes électrisantes que l’on pourrait presque voir parcourir la pièce en fermant les yeux.
Chez Radiant, chaque mouvement est compté, chaque espace étudié, chaque note soupesé. A l’instar d’un Big Brave ou My Disco, un minimalisme qui n’empêche pas l’amplitude, un dépouillement qui autorise la véhémence. C’est sec et débordant d’énergie. Les arpèges résonnent dans le silence, l’écho se diffuse longuement et âprement, c’est du velours mais il n’est pas fait pour s’endormir dessus. Radiant ne partage pas seulement avec Heads l’amour du point après son nom mais une certaine idée du noise-rock mélancolique sous-tension. Le trio est à l’affût, aime faire trembler les murs quand nécessaire, quand la tension est à son comble, se répandre dans les affres de la dissonance qui ne font pas mine de foutre le feu (toute la fin sublime de Forever), de mettre du poids dans sa rythmique et ses intentions (Rims, Martha) tout en gardant cette impression de self-control et de gravité que rien ne peut prendre à défaut. Le chant n’est pas l’élément essentiel de Radiant à tendance instrumentale (ce qui est entièrement le cas sur XIII) mais sa présence est cependant importante. Un chant féminin (sauf sur [i] où le guitariste prend le relais) qui semble chancelant et fragile mais avec de la fermeté au final, offrant un beau contrepoint à la puissance latente mais bien réelle de Radiant. Que sept titres pour débuter dans la vie mails ils sont tous très bons et porteurs d'un bel espoir.

SKX (21/02/2021)