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Milkilo
Abandon – CD
Vox Project/Araki/Itawak/Bad Health records 2021

Quand une photographie illustre parfaitement un titre. Une fille qui lâche prise dans un océan d’abandon. Fluidité et légèreté, tout ce qu’on souhaiterait chaque jour. Par contre, si vous pensez que, de cette photo de Marina Uzelac, découle une musique apaisante propice à la lévitation, vous allez boire la tasse. Car ce que ne dit pas cette plongée dans le grand bleu, c’est que ça va secouer et pas être de tout repos. Impossible de se laisser aller tranquillement sur la musique du duo stéphanois qui s’annonce plus tendue et remuante que sur leur précédent album Atlas.
Un noise-rock instrumental où la fréquence globale du rythme augmente, un duo basse-batterie qui se rappelle que leurs instruments ont été fabriqués pour la pulsation, le battement, le mouvement, cogner, avancer, un repère constant qui peut amener à la transe, à l’hypnose. Une autre manière d’abandon. Milkilo pèse ainsi de tout son poids pour vous faire perdre les neurones, les agiter de façon plus directe et physique.
Mais Milkilo n’ayant jamais été un groupe se référant à un seul amour, leur troisième album ne se contente pas d’être une machine rythmique avec des mesures complexes ou qui filent droit bêtement pour vous faire danser comme un robot sur piles longues durées. Travail sur les sonorités, structures mouvantes, cassures, cadences soupesées, respirations, aspect mélodique jamais négligé. Si l’importance des atmosphères est moindre avec Abandon, il n’en reste pas moins un disque pensé et fignolé, cherchant sans cesse à étoffer sa palette sonore, allant d’un froid bleu au rouge incendiaire, arrivant à se montrer aussi pesant qu’aérien, élaboré et brutal, entre passages trépidants et – mes préférés – plus troublés et émotionnels.
Depuis leur premier album en 2014 (Ostéologie Des Pères), c’est un plaisir de voir ce groupe évoluer, rajouter des éléments sans renier son langage de base, prendre peu à peu de l’ampleur et se sublimer sur un disque cohérent de bout en bout. C’est vraiment pas le moment d’abandonner.

SKX (19/10/2021)