blackinkstain
araki
pogo
dayoff

Black Ink Stain
Incidents – LP
Araki/Pogo/Day Off records 2021

Le premier contact en 2017 avec Black Ink Stain avait été mitigé. Un EP quatre titres qui laissait malgré tout de l’espoir. Quatre années de gestation mis à profit par le trio clermontois pour aiguiser les crocs, tendre les ambiances, laisser s’exprimer la boule qui est dans le ventre sans chercher à tempérer la colère. Black Ink Stain est retourné à Genève, au studio des Forces Motrices avec David Weber mais ce qui en ressort cette fois-ci est bien plus convaincant et authentique. L’encre noir est encore un peu plus noir et c’est pas pour me déplaire.
Black Ink Stain a laissé tomber les refrains mélodiques et aguicheurs à la Helmet. Unsane se place résolument au centre des influences avec toute sa cohorte de groupes dont la rythmique est un parpaing de granit et que la densification de l’air ne rebute pas. Bouche toi le nez et plonge. Alors certes, Incidents est un album qui ne déroute pas, à l’instar des albums des new-yorkais de Pigs qui étaient sortis sur Solar Flare, un label également clermontois (le hasard n’est pas de ce monde) des gars de Sofy Major qui s’y connaissent aussi en lourdeur sombre et matraquante. Un premier album classique mais classique dans le sens noble du terme. Car emprunt d’un sens de la composition qui emporte les derniers doutes. Des titres s’imposant lentement, durablement, irrémédiablement. Des titres à la puissance longue portée vous secouant les tripes avec des riffs d’une sobre profondeur ou qui écorche patiemment comme un cri étouffé qui n’en pouvait plus de rester derrière la porte. Le coup est mat, froid, calculé mais la chaleur se diffuse généreusement, par jet convulsif avec des brides de mélodies ascétiques à l’intérieur qui suffisent à embraser le bordel. ST02 et S.O.M.A., c’est le genre de morceaux aussi beaux que torturés et des tourments qui pendouillent comme ça dans l’air, Incidents en est plein. Avec parfois des particules de violence qui s’activent, un trio qui croque plus méchamment dans le mord (I See You Dead, Stuck, l’instrumental Sans Façon) ou une réminiscence de chant clair mélodique sur le début de l’excellent Pont Des Goules n’entachant en rien le nouvel élan que le trio s’est forgé. Sur des sentiers connus, Black Ink Stain grave son propre nom et trace un noise-rock implacablement incandescent.

SKX (12/07/2021)