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Wax Chattels
Clot – LP
Captured Tracks/Flying Nun records 2020

Wax Chattels revient dans le jeu, affûte les sabres et publie Clot. La pochette fait froid dans le dos, rend inconfortable sous ses teintes rosées. Le trio est le groupe Néo-Zélandais qui fait la musique la moins néo-zélandaise, l’identité est incertaine, se nourrit de contrastes, ne cherche pas la facilité mais est d’une grande efficacité, se fait autant séducteur qu’il pique et mord.
Un second album dans la lignée du précédent avec une acuité croissante du sens de l’écriture d’un groupe qui sait plus que jamais où il va, consistant de bout en bout, sûr de sa force de frappe, même quand les ardeurs sont réfrénées (An Eye et Forever Marred). La configuration spéciale du trio (synthé, basse, batterie + chants) qui déclare sans ambages faire de la musique de guitare sans guitare (il n’a pas tort) trouve les bonnes articulations pour fonctionner à plein régime (Ben Greenberg a aidé pour le mixage), sorte de synth-punk avec une section rythmique qui rock et tape dur et des chants exprimant une profonde frustration. Les sonorités synthétiques du trio se font plus aiguisées et pénétrantes, vrillent les neurones ou tournent anxiogènes. Le batteur (Tom Leggett) tabasse plus d’une fois comme un sourd sur sa batterie minimaliste pendant que des sons grinçants coulent dans les tuyaux résonnant d’une noire et intimidante vibration tout en étant d’une précision et rigueur impeccables.
Les atmosphères sont importantes mais les accroches tout autant. Et Clot n’en manque pas. Des mélodies fracassées, des gimmicks du clavier qui taquinent les nerfs, la basse plus d’une fois très inspirée, une rythmique frénétique que vous ne pouvez que suivre, des cassures pour danser comme un boiteux, une tonicité générale qui ne peut qu’être entraînante, une froideur apparente explosant implacablement. Et puis les chants, de Peter Ruddell (claviers) souvent en mode parlé avec une sorte de colère rentrée et une vraie intensité à l’intérieur ou celui plus mélodique de la bassiste Amanda Cheng qui n’hésite pas à crier quand nécessaire, quand il faut hurler sa perte d’identité (Only blood, not friends/History, not mine sur No Ties), dénoncer le parti communiste chinois pour cette taïwanaise déracinée à l’âge de quatre ans chez les kiwis (elle chante d’ailleurs dans sa langue natale sur Cede).
Un discours qui renvoie à la musique de Wax Chattels si peu représentative de l’idée qu’on se fait de la scène néo-zélandaise et de Flying Nun avec ses groupes à guitare, un trio comme en exil sur sa propre île, la malmenant dans les grandes largeurs et qui prend définitivement son envol pour voir plus loin et plus grand avec ce second album remarquable.

SKX (24/11/2020)