unspkble
rejuvenation
kerviniou


Unspkble
Friction – LP
Kerviniou/Rejuvenation records 2020

Il paraîtrait que ce disque de Unspkble doit beaucoup à Killing Joke. Unspeakable était le nom d’une chanson du second album de Killing Joke (What’s This For…!). Rejuvenation tire son nom de label d’un morceau de la bande à Jaz Coleman (sur l’album Fire Dances). Et c’est sans surprise que Greg Reju, boss du label et bassiste de Unspkble est un fan invétéré de Killing Joke. Ça tombe bien, ce n’est pas mon cas du tout. Mais j’apprécie les premiers enregistrements, au tout début des années 80, bien que je ne les écoute quasi jamais. Et ça tombe bien à nouveau. Si Unspkble doit faire penser à Killing Joke – et incontestablement, il le fait – c’est à cette première période que Friction s’attaque. Un hommage totalement assumé de la part de Greg Reju qui a commencé ce projet en solitaire et qui s’est depuis entouré d’un guitariste (Gom Pilote), d’un chanteur (Dion Lax) et s’il s’est occupé de la batterie pour le studio, c’est à Seb Dodus (Pord) que reviendront les baguettes en concert.
Heureusement, il est possible d’apprécier Unspkble sans passer par la case Killing Joke. Le post-punk n’est pas franchement ce qu’on peut appeler un style en désuétude. Les groupes creusant ce trou sans fond pullulent depuis des années, ça s’est même jamais arrêté et Unspkble est un bel exemple de revalorisation à l’ancienne parce que les vrais savent, qu’ils sont tombés dedans tout petit et ce n’est pas à de vieux singes qu’on apprend à faire des grimaces. Unspkble, du post-punk tendance goth qui, pas si bizarrement que ça, arrive à me faire penser parfois au Clockcleaner en fin de vie parce que le groupe de John Sharkey n’était pas insensible non plus aux charmes de Killing Joke. Du post-punk avec basse en avant, aisance mélodique, dynamisme d’ensemble, morceaux qui percutent (Irreversible ou Where All Hope Dies avec sa rythmique bombastique ou False Icon plus punk), morceaux sur lesquels il est possible de danser, guitare vitriolé attaquant les bases d’un son connoté mais qui finit par passer, six titres tournant en 45 tours tous de noir vêtus mais sérieusement entraînants et vivifiants. Avec le meilleur pour la fin, un Mesmerized plus noisy, acide, étrange et emmêlé ouvrant ainsi la voix à un groupe dont l’influence majeure n’est un secret pour personne mais qui a toutes les cartes en main pour voler de ses propres ailes.

SKX (18/11/2020)