thesomnambulist
slowing

The Somnambulist
Hypermnesiac – CD
Slowing records 2020

Quatrième album pour The Somnambulist et quatrième démonstration du magnétisme et de la classe innée de ce groupe basé à Berlin. Tournant toujours autour de la personnalité de Marco Bianciardi (chant, guitare) avec un énième nouveau batteur (Leon Griese) et Thomas Kolarczyk (basse) déjà présent sur Quantum Porn mais remplacé depuis l’enregistrement de Hypermnesiac par Isabel Roßler, The Somnambulist irrigue une nouvelle fois le rock de vibrations profondes et sensuelles.
Par rapport au précédent Quantum Porn, The Somnambulist revient à un album plus condensé, autant niveau durée qu’en matière d’écriture. La musique du groupe ne sait jamais rattachée à une influence précise mais avec Hypermnesiac, le trio resserre les compositions pour un disque homogène, des invités moins nombreux et une instrumentation pas aussi diversifiée que sur les albums antérieurs. Hormis le long instrumental final Ten Thousand Miles Longer dont le début possède une couleur très jazzy avant de retrouver allant et nervosité sur toute sa seconde partie et un sax ténor et un trombone qui apparaissent également sur Doubleflower, Hypermnesiac se concentre sur l’équation guitare-basse-batterie et le chant toujours magnifiquement éraillé et riche de Bianciardi.
Et pourtant, Hypermnesiac est tellement plus vaste que cette formule basique. Des samples de piano ou autres, des percussions, ça regorge d’arrangements, de détails, de finesses qui embellissent, approfondissent et surélèvent les mélodies que le trio délivre avec brio dans un dialogue parfaitement huilé. Des mélodies qui semblent si fluides, qui glissent toutes seules sans effort apparent dans des structures modulées dans du velours, une mise en place parfois reptilienne avec des refrains éclatants au grand jour ou plus fantaisiste sur At Least One Point At Which It Is Unfathomable. The Somnambulist n’est pourtant pas un groupe pop. A l’instar d’un Bästard/Zëro, The Somnambulist fait parler sa grande musicalité et son inventivité dans un décorum sombre, tendu, piquant, agité, en brouillant les pistes, avec des fractures et des changements d’intonations subtils. Dans le velours, la main de fer agit. C’est élégant mais ferme. Lumineux sur un fond tragique. Fragile, minutieux mais sans ostentation. Les morceaux deviennent entêtants, irrésistibles, coulent lentement mais sûrement dans le cortex sensitif, le réchauffe, l’attendrisse, l’hypnotise.
Seulement sept chansons mais chacune vous parle personnellement, vous narre une histoire particulière et elle est splendide.

SKX (06/02/2020)