helenmoney
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Helen Money
Atomic – LP
Thrill Jockey records 2020

Sixième album de Helen Money (dont un avec Jarboe), violoncelliste américaine naviguant dans la sphère rock (au sens large) et qui n’avait pas donné de nouvelles depuis un Become Zero mitigé en 2016. Suite au décès de ses parents, ce qui avait déjà fortement marqué Become Zero, ce tragique évènement a continué de conditionner Alison Chesley, alias Helen Money, dans son approche artistique, dans sa façon de percevoir le monde et de se recentrer sur l’essentiel.
I’ve been thinking a lot about how the earth is our home, the universe and how fragile this world is and how connected we all are to everything
.
Paroles prémonitoires et qui ne sont pas que de circonstances. Une réelle remise en cause débouchant sur un disque plus que jamais intimiste, grave, touchant, profondément beau. Triste aussi, voir carrément plombant mais sans cesse sombrement lumineux.
Atomic, quête contemplative et volonté d’expérimenter donnent de nouveaux espaces sonores envahis, une introspection qui ouvre sur une ligne au-delà de l’horizon visible. Son violoncelle amplifié et trafiqué n’a jamais creusé aussi loin les sillons d’une émotion très palpable, se sentir comme cette personne sur la pochette, seul-e face aux éléments menaçants, une mélancolie sans fard et viscérale qui apparaissait plus affectée sur Become Zero, devenant ainsi une véritable force.
Un violoncelle en mode drone sur le puissant titre d’ouverture Midnight, ample, décuplé et étrangement apaisant. Un violoncelle qui sait également retrouver sa sonorité naturelle et surtout, comme à son habitude, un violoncelle qui n’évolue pas en solo. Les synthés modulaires de Will Thomas en plus du piano joué par Helen Money, une confrontation avec la harpe de Carol Robbins sur Coppe, la présence de Sanford Parker (electronics, programming) et la batterie de Noah Leger (Facs, Disappears, Milemarker, The Speaking Canaries, ou encore Hurl et Northern Bushmen pour remonter très loin) sur une petite poignée de morceaux.
Atomic
, un disque fusionnant musique classique et minimaliste, musique électronique, neofolk, avant-gardisme, noise et dont le plus beau spécimen de ce mélange s’appelle Nemesis. Juste colère et châtiment céleste s’abattent pendant six bonnes musiques de sonorités tour à tour douces, bruyantes, indus, martiales. Mais ce qu’il faut retenir avant tout, c’est l’incroyable émotion brute qui se dégage derrière toute cette sobre richesse. Les mélodies crépusculaires, ce rythme intérieur, cette pulsation intime, cette épaisseur dans le trait, des crépitements comme un orage d’été, le grain multiple du violoncelle qui agrippe le bide, une intensité omniprésente sous l’aspect méditatif, des atmosphères brumeuses d’une solidité mystérieuse et des compos dont on ne ressort pas indemne (Coil, Brave One, Marrow, Redshift). Un disque comme le bout allumé d'une cigarette qui brille dans la brume nocturne, qui se consomme lentement, comme si c’était la dernière fois à jamais.

SKX (19/03/2020)