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Dead
Raving Drooling – LP
We Empty Rooms/Wäntage USA records 2020

Dead, c’est ce duo australien chez qui la comparaison avec Melvins intervient dans chaque chronique. Désolé, ça serait le cas encore cette fois-ci. Mais c’est vraiment pour planter le décor tant Dead a su tuer le père pour voler de ses propres ailes, aussi lourdes soient-elles.
La dernière fois qu’il a été question de Dead, duo basse-batterie avec du chant (et bien d’autres choses, on en reparle plus tard), c’était lors d’une copieuse Trilogy. Dead est revenu à plus de simplicité. Un long format d’un seul tenant, sept morceaux mais de très nombreuses possibilités et propositions à l’intérieur. Raving Drooling, du plus primaire au plus spacieux, du plus avantageusement carré au plus fantasque, Dead décline à toutes les sauces son sens aigu de la pesanteur et de l’écrasement. Un rouleau-compresseur en mode classique, ne cherchant pas les problèmes et à vous prendre par derrière, du massif droit dans ses bottes, alerte malgré le poids, appuyant les mélodies et le chant à deux, épique sur les bords, à l’aise dans son heavy heavy-rock volontiers séduisants. C’est ainsi que débute Raving Drooling avec les trois premiers morceaux (Remorse, Digging Holes et Grifted Apart) auxquels succède la minute trente de Nunchukka Superfly et le guitar solo de Creston Spiers (Harvey Milk) qui la joue heureusement plus hurlant que démonstratif.
Mais Dead, c’est et ça a toujours été aussi du déviant s’invitant à la table du traditionnel, des compos s’embarquant dans des territoires inconnus où il est possible de se perdre. Les trois derniers titres prennent cette tangente. S’il est permis d’avoir peur, c’est cependant à partir de cet instant que Raving Drooling devient finalement le plus mystérieusement intéressant. Pour épauler Jace (basse) et Jem (batterie), Defektro (bidouilleurs électroniciens japonais), Jenny Divers (saxophoniste) et aux synthés, Veronica Avola et Joe Preston (dont il a été question très récemment avec The Whip). Il faut bien ça pour s’attaquer à des paysages plus accidentés, glissant, brumeux, parano, lents jusqu’à la limite du silence parfois et sinistres dont le point culminant sont les treize minutes de Follow The Breathing mais aussi Repeating A Bad Decision, soit l’ensemble de la face B. Elle ressemble au long tunnel d’un cauchemar qui ne fait qu’alimenter son trou noir mais dans lequel réside pourtant une attirante et impénétrable beauté, un trouble presque apaisant qui avait débuté avec toute la seconde moitié de Nones. Un disque parti tambour battant, qui diminue peu à peu la vitesse et s’achève dans un climat dépouillé, glacial et onirique. C’est encore un coup de Dead, des trompe-la-mort qui, tout en conservant les acquis, aiment le risque. Et ça paie.

SKX (13/05/2020)