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Post Now : Round One - Chicago vs. Newyork
A Skin Graft Records Compilation – CD
Skin Graft records 2019

Combat de villes chez Skin Graft. Chicago contre New York. Quatre groupes de la ville des vents contre quatre groupes de la grosse pomme. Me demandez pas d’où sort cette idée mais venant de l’esprit tordu de Skin Graft et ses deux têtes pensantes Mark Fischer et Rob Syers, il ne faut pas spécialement chercher une explication. C’est avant tout l’occasion de faire le tour du propriétaire, de voir ce que le label de Chicago a en stock. 28 ans que Skin Graft s’active à sortir des disques avec des comics quand il s’agit du format single. Un label avec des hauts et des bas, avec son époque dorée (en gros, jusqu’à la fin des années 90), sa traversée du désert et depuis, c’est l’entre-deux. A l’image de cette compilation. La vie est bien faite.

Pour les têtes de pont, il faut aller voir du coté de New York qui remportent à chaque fois leur combat assez facilement. The Flying Luttenbachers (des transfuges de Chicago, les traîtres), Cellular Chaos et Child Abuse. C’est le versant noise épileptique frénétique singulier de Skin Graft, le préféré, celui qui a écrit les plus belles heures du label. Deux morceaux à chaque fois comme pour tous les groupes et uniquement des inédits bien que Child Abuse triche un peu en enchaînant cinq morceaux en deux (mais ces gars sont vraiment dingues en plus d’être dangereux) et que The Flying Luttenbachers joue Prelude To Mutation, une version très raccourcie du Mutation de leur nouvel album Shattered Dimension. Cinq minutes contre vingt mais largement suffisantes pour en prendre plein la gueule sans respirer. Tout comme sur Dirty Girl, huit minutes d’extase sonique unique en son genre de la part de Cellular Chaos. Un groupe au line-up instable mais tant que Weasel Walter et la chanteuse Admiral Grey seront là, Cellular Chaos représenteront des compagnons sûrs pour se la mettre à l’envers.

Pour le coté obscur du label, les new-yorkais de Skryptor sont hélas de la partie. Deux titres dont un live qui auraient pu se trouver sur leur premier album. Et c’est bien là le problème. Passons rapidement. Tijuana Hercules pourrait également comparaître dans cette catégorie. Le groupe de Chicago avec également une vielle gloire de la noise de chez Skin Graft, le dénommé John Forbes, ex-Mount Shasta, avec quatre partenaires fricotent dans des eaux troubles, un genre de blues-rock futuriste avec saxophone, classique de loin, légèrement déviant de près mais ne donnant pas du tout envie de creuser l’affaire avec leur quatre albums déjà publiés (aucun chez Skin Graft).

Et puis vous avez les autres, ceux dont vous ne savez pas trop quoi faire, le coté baroque fantaisiste cabaret punk fortement barré du label, qui a le mérité de l’originalité à défaut de (souvent) convaincre. Cheer-Accident, Lovely Little Girls, Bobby Conn. Chacun de ces groupes mériterait un roman. Aussi bien pour la longévité et la pléthorique discographie (Cheer-Accident en est à son 22ème album depuis 1989), la personnalité et l’histoire des membres de ces groupes, leur vie truculente, notamment celle du crooner très décalé Bobby Conn ou tout simplement, pour tenter de comprendre et expliquer leur musique. J’en suis incapable. Mais si vous voulez sortir des sentiers battus et rebattus, l’expérience est à conseiller.

Post Now : Round One - Chicago vs. Newyork, un combat épique, ennuyeux ou d’une autre planète mais dans tous les cas, Skin Graft mérite bien son étiquette de label d’aliens avec des univers très marqués, étonnants, abscons, passionnés, un label avec une vraie personnalité. Pour le meilleur et pour le pire, en attendant le round deux.

SKX (29/08/2019)