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        stockholm 
        year0001 
         
          
       
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       Viagra 
        Boys 
        Street Worms  LP 
        Year0001 records 2018 
         
        Les vers de terre grouillent sous la rue, grignotent les pieds des morts 
        et ne forment plus qu'un quand le corps des humains se décomposent. 
        J'ai pas tout compris au rêve illustré par les mains de l'extraverti 
        chanteur Sebastian Murphy et à qui on doit l'artwork de Street 
        Worms, avec ses personnages laids, déformés, pourrissant 
        debout, bouffés par ces bestioles rampantes et gluantes. On crèvera 
        tous, les riches et les gueux, alors autant en profiter avant. Jusqu'à 
        en vomir.  
        Et c'est ce qui différencie Viagra Boys, ce qui les sauve. Le post-punk 
        vu sous cet angle, il lui pisse à la raie. La facilité des 
        rythmes et autres gimmicks, l'axe basse-batterie qui fait transpirer jusqu'à 
        l'aube, lobotomise, conduit la machine folle à travers les hordes 
        de zombies cocaïnés ne serait pas aussi acceptable sans cette 
        vision tordue, sale et malsaine. Et pleine d'humour, d'un second degré 
        stimulé par le sarcasme. Il suffit de s'en remettre au simili tube 
        Sports 
        pour s'en convaincre. Murphy, lAméricain à la maman 
        suédoise, n'est pas le sportif le plus accompli du monde sauf pour 
        les acrobaties aériennes car le gaillard très tatoué 
        aime planer haut. Et Viagra Boys sait comment vous faire gober la pilule. 
         
        Les six Suédois volent donc dans les plumes d'un cadre trop établi, 
        ne se sentant pas à l'aise dans un carcan étriqué 
        ou le post-punk est rigide et sérieux. Viagra Boys apprécie 
        aussi le chaos, le saxo, les drogues, vous faire bouger en électrisant 
        les doigts de pieds comme si vous dansiez sur des clous, ne pas caresser 
        vos tympans en insinuant des sonorités vrillantes et perturbantes 
        et vous cueillir au menton par Just Like You, romance intense sur 
        laquelle Murphy montre qu'il sait chanter et comment faire passer un putain 
        de frisson.  
        L'hypnose de Viagra Boys ne suit pas une ligne rectiligne, n'est pas de 
        tout repos. Ils se nourrissent à de multiples abreuvoirs, convulsent, 
        éructent, se font aussi suaves que grossiers, charnels et punks, 
        morbides et rigolards. Et comme ils n'ont pas perdu le sens de l'écriture 
        depuis leurs deux précédents EPs Call 
        Of The Wild et l'inaugural Consistency 
        Of Energy, ça donne un premier album se gobant d'une traite 
        avec une franche rasade d'un liquide provenant d'une bouteille sans étiquette. 
        Mais gare aux effets secondaires. Sous des dehors attractifs, entraînants, 
        taillés pour les foules, les morceaux de Viagra Boys possèdent 
        des effluves troublés, râpeuses, sombres, des angles durs 
        et des démangeaisons perverses. Tout ce qu'il faut pour fabriquer 
        un cocktail consistant qui tient au corps. Bien que les vers de terre 
        auront toujours le dernier mot. 
         
        SKX (18/12/2018) 
         
          
         
          
         
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