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Sediment Club
Stucco Thieves – LP
Wharf Cat records 2018

Sediment Club fête ses dix ans d'existence avec ce troisième album (quatre si on compte le split avec Guerilla Toss) et le moins qu'on puisse dire, c'est que ce trio ne déchaîne hélas pas les passions. Le précédent album Psychosymplastic était pourtant une belle bombinette à fragmentation qui aurait mérité de faire beaucoup plus de victimes. Stucco Thieves prend la relève. Les dégâts devraient être aussi conséquents.
Sediment Club n'aime pas respecter les règles et les conventions. C'est largement dissonant, fracturé, cassant et barré. C'est assemblé dans un sens que eux seuls comprennent. Le terme no wave, voir post-punk mutant, va encore coller aux semelles de ce groupe new-yorkais. Mais Sediment Club est loin d'être aussi nihiliste et montre une vraie habilité à jouer. Une complexité jubilatoire, un rock-noise aux allures anarchiques mais des morceaux - et c'est encore plus le cas sur Stucco Thieves – qui savent où ils vont, se tiennent malgré la destruction apparente et évoqueraient presque les vénérables anciens de Swob sur une poignée de titres. Le trio arrive même à insuffler quelques accalmies, des passages plus mélodieux donnant du sel à leurs convulsions comme sur le très réussi Cobalt Ruin, le nerveux et sec The Payoff qui marche sur les plates-bandes de Spray Paint ou le heurté Making Spent Americans.
Un album frustrant car très bref (vingt minutes) et qui aurait mérité d'être plus étoffé (surtout après trois ans de silence) mais comportant son lot de pépites grinçantes et convulsives n'arrivant pas à nous perdre en route malgré les nombreux changements de directions, d'humeur et les absurdités (le chant notamment) que Sediment Club glisse sous les pieds de son rock-noise pétaradant et disloqué.

SKX (17/06/2018)