microwaves
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Microwaves
Via Weightlessness – LP
Three One G records 2018

En guise d'amuse-gueule, Microwaves avait annoncé son retour avec le split en compagnie de Couch Slut alors que le trio de Pittsburgh n'avait pas donné signe de vie depuis 2014 et l'album Regurgitant Phenomena. Microwaves aime faire des breaks. C'était déjà le cas entre 2006 et 2012, entre Contagion Heuristic et Psionic Impedance mais Microwaves ne lâche à aucun prix l'affaire. Microwaves n'a jamais déchaîné les passions, continue d'évoluer dans un relatif anonymat mais toutes les personnes qui ont eu la chance de croiser leur route savent. Un nouvel album de Microwaves réchauffe les cœurs, s'écoute comme un culte secret et encore une fois, Microwaves a mis les petits plats dans les grands.
Via Weightlessness car Microwaves ne touche plus terre. Vive l'apesanteur à errer dans des sphères d'un noise-rock entre deux mondes, habilement déviant, un pied dans le noise-rock brûlant et incisif, l'autre dans les méandres d'un pro-hard-rock revisité au chalumeau (le trio reprend d'ailleurs Alice Cooper avec un morceau datant de 1970, Refrigerator Heaven) et les neurones baignant dans un gel visqueux où Devo, le punk, le math-metal et les bidouilles futuristes se débattent dans un combat homérique. Ça l'air indigeste dit comme ça et pourtant, Microwaves possède une vista folle pour fondre toutes ces germes d'une autre planète dans un moule unique et chaud comme la braise, brutal et moderne. Le sens du rock'n'roll, de l'abrasion furieuse, de l'absurdité efficace qui transcende les frontières et provoque moults dommages. Microwaves arrive même à reprendre Vexations, une œuvre pour piano d'Erik Satie, répétition très très longue d'un motif unique dont l'interprétation intégrale dure 24 heures. Heureusement, la version à la basse de Microwaves s'éteint au bout d'une minute dix-sept.
Microwaves est capable de tout et Via Weightlessness vous secoue comme une chaussette sale dans une machine à laver les boulons. Les riffs ne durent jamais longtemps mais sont incandescents. Les rythmiques font perdre le sens de l'orientation mais brisent la nuque en deux. Une dextérité aérienne qui ne se voient pas mais Microwaves te fait bien sentir que tu n'es qu'un microbe polluant. Avec en point d'orgue le saxo alto de Ben Opie sur le fiévreux Antibody. Via Weightlessness passe à toute vitesse nous rendre visite sur notre terre insipide avec douze flèches hautement radioactives et pénétrantes. Seul reste le souffle de la chaleur et il est inoubliable.

SKX (04/12/2018)