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Bellini
Before The Day Has Gone – LP
Temporary Residence records 2018


Il a fait beau tout l'été. Le soleil continue de briller. Et le vinyle rouge de Bellini n'a toujours pas fini de faire chauffer la platine à la rentrée. Neuf ans qu'on attendait ça, une suite à The Precious Prize Of Gravity. Et à vrai dire, on ne l'attendait plus du tout. Et Bellini revient comme si de rien n'était, comme si c'était hier. Inchangé, toujours aussi classe et affûté. Le couple sicilien Giovanna Cacciola (chant) et Agostino Tilotta (guitare) entouré de la paire américaine Alexis Fleisig (batterie) et Matthew Taylor entendu récemment à la basse chez Monotrope n'ont pas perdu leur puissant pouvoir d'attraction. Et le secret d'une écriture qui vous retourne en toute simplicité. Toujours mis en boite chez leur pote Steve Albini, le quatrième album de Bellini est dans la lignée de ces prédécesseurs mais comme elle est pure et indétrônable, il est impossible d'aller contre.
Ce noise-rock est infiniment prenant, d'une profonde mélancolie abrupte sous son aspect anguleux, plus fluide que jamais malgré les nombreux coups de fouet. Le drame n'est jamais loin mais Tilotta veille. Ce magnifique guitariste fiévreux secoue tout le monde du bout de ses cordes tortueuses, fragmentées, répétant les riffs écorchés, les décalant, insufflant des mélodies tour à tour escarpées ou lumineuses sans jamais la note de trop. Soutenu par une implacable section rythmique, son jeu peut partir à la guerre. Ou s'abandonner dans de longues tirades douloureusement belles. Le blues du sicilien sur Il Maestro/If I Could Say est poignant, la ballade la plus saisissante que Bellini ait pu composer avec pas loin derrière, Promises, une plaie ouverte traversée par des éclats de verre et des tremblements rythmiques ou encore ce passage spleenesque sur Two Ears, One Mouth.
Mais Bellini ne serait pas Bellini sans le chant de Giovanna Cacciola. Qu'il caresse l'épiderme ou se fasse tendu, ce chant n'a pas besoin d'en faire des tonnes, c'est même tout le contraire, pour vous toucher et vous emmener où il veut. Comme dans les méandres de compos nerveuses et agiles, les soubresauts sous contrôle qui font trépigner de plaisir et cassent les reins ou laissant encore plus que d'habitude dans une humeur sombrement rêveuse, comme un voile d'amertume que Bellini dévoile fatalement de plus en plus sur sa discographie. Before The Day Has Gone, une nouvelle collection de dix morceaux qui vous éclaireront même la nuit.

SKX (03/09/2018)