BELLINI
The Precious Prize Of Gravity - LP
Temporary Residence 2009

Troisième album pour le groupe italo-américain s'inscrivant dans la continuité de leurs précédents travaux tout en variant subtilement la donne. Je ne sais pas si c'est le fait d'avoir lu la bio avant (on devrait toujours aborder un disque sans lire la notice) mais il est mentionné que quatre titres sont centrés sur la mort de proches. Un titre met même les pieds carrément dedans. The Thin Line en invitant ce qu'il reste des membres de feu Silkworm, après la mort de leur chanteur Michael Dahlquist lors d'un accident de voiture en 2005, quand un chauffeur suicidaire a décider de mettre fin à sa vie en fonçant sur ce qui se présentait au hasard devant lui. Oui, c'est pas gai tout ça. Et cet album retranscrit assez bien ce dérangeant sentiment de douleur. Le noise-rock de Bellini a toujours eu cette aura sombre mais là, ils franchissent un palier. On penserait presque à la mélancolie rock de Come comme sur le très beau Susie et des passages de A Deep Wound et Tiger's Milk. Mais Bellini garde le geste nerveux. Le guitariste Agostino Tilotta continue de séduire par son jeu convulsif dont il tire des éclats lumineux et la section rythmique n'a pas besoin de l'habituel Albini toujours derrière les consoles pour montrer que c'est du solide. On a même le droit à quelques très bonnes bizarreries du bassiste Matthew Taylor comme sur Wake Up Under A Truck (décidément...) ou Numbers et son instrument qui sonne comme le glas d'une vie qui n'a pas l'air d'avoir été facile pour Bellini ces derniers temps. Excepté The Man Who Lost His Wings, instrumental Cowpunk comme ils disent ou Bellini débarquant comme un cheveu sur la soupe au pays des cowboys pour une ambiance farwest à brides abattues, il en découle un album poignant. Les structures, sans se départir d'une certaine complexité naturelle, sont plus fluides. Leur noise-rock n'a rien d'une confrontation perpétuelle. Il serait facile de tomber dans le cliché du disque mature ou plus abouti que les autres mais il n'y a pas de grandes révolutions chez Bellini et il n'est n'y mieux ou moins bien que les précédents. Il possède juste une pudeur abrupte nouvelle, un petit truc racé en plus, quelquechose d'apaisant et triste à la fois tout en remuant bien les tripes et contractant les muscles.

SKX (16/04/2009)