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Veterans Of Pleasure – LP
Rejuvenation/Modern Radio 2017


Impossible de passer outre la pochette. Que vous aimiez ou non. C'est la première chose qui vous marque dans cette nouvelle livraison de Stnnng. Une pochette tirée de la peinture originale de Reynier Llanes, un tableau qui s'appelle Bacchanalia et c'est une interprétation très personnelle des fêtes religieuses par cet artiste cubain.
Par contre, la musique du cinquième album du groupe de Minneapolis ne frappe pas les esprits avec autant de rapidité. Mais comme dit le titre de l'album, ce sont des vétérans du plaisir et Stnnng sait comment s'y prendre pour vous faire grimper dans les tours de la félicité. Même en mode diesel. De prime abord, les compositions de Veterans Of Pleasure ne possédaient pas le charisme immédiat de ces prédécesseurs, la puissance de pénétration d'un noise-rock aussi fin que virulent. Stnnng n'a jamais pratiqué dans le tape à l'oeil. Tout est dans le dosage. Dans la qualité de l'écriture. Et il semblerait que la flamme rock'n'roll et tapageuse soit légèrement moins ardente. Ce qui signifie nullement que Veterans Of Pleasure soit d'un intérêt inférieur. On n'osera pas appeler ça de la maturité mais Stnnng contrôle plus que jamais ses bas instincts, dompte l'électricité et avance sur un chemin très bien balisé, celui qu'il s'est lui-même construit depuis Dignified Sissy et qu'il n'a de cesse de harceler, peaufiner, solidifier, sans proposer de grands bouleversements mais jusqu'à arriver à un Veterans Of Pleasure finissant par s'imposer par la seule force du talent naturel de cinq musiciens aguerris qui mettent de la profondeur, de la justesse et une pointe de sourde mélancolie dans ce nouvel album. Sans en faire des tonnes, simplement l'amour d'artisans du rock qui sont là pour juste délivrer de bonnes compos et c'est déjà énorme.

Et Veterans Of Pleasure fournit son lot de titres épiques, de titres sur lesquels les deux guitaristes (Adam Burt et Nathan Nelson) effectuent un travail d'orfèvres, des dialogues qui embellissent les mélodies, les asticotent, les font décoller, mettent de la tristesse ou brûlent les terres désolées. L'interaction avec la section rythmique et le chanteur toujours autant sur des charbons ardents paraît si évidente qu'elle ne peut être que le fruit d'un travail acharné pour affiner sans cesse le propos, réduire les compos à leur plus simple et belle expression, vous emberlificoter sans avoir l'air d'y toucher. Tous les morceaux sont courts, vont droit au but sans jamais paraître basique – un paradoxe - avec cette façon unique de donner l'impression de narrer une histoire étrange à l'instar de Marseilles Spleen (les Américains sont fâchés avec l’orthographe de Marseille), où les seules paroles que je saisisse sont drink pastis et crazy girls. Leur tournée en France en 2014 avec Shub a laissé des traces. Et puis vous avez aussi The Last Nostalgia, King Vulture Vista, Soft Moon, Warm Spider qui marquent de nombreux points et je vais m'arrêter là parce que je vais finir par citer tous les titres, même Top Hat Man qui se joue uniquement avec la batterie et le chant.
Veterans Of Pleasure
s'inscrit logiquement dans la grande lignée de leur discographie irréprochable de la part d'un groupe rare et inestimable.

SKX (22/03/2017)