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subpop







Metz
Strange Peace – LP
Sub Pop 2017

Metz, maintenant, tu sais comment y aller, tu connais la direction et quand tu arrives sur place, tu n'es pas dépaysé par une modification des plans. Le clocher noise-rock est bien au milieu de la place, plus indestructible que jamais. Par contre, le curé a changé et c'est saint Albini qui se charge de l'office. Autant dire que les enfants de chœurs filent droit dans les travées. On n'en était pas à allumer un cierge mais une rencontre entre le gourou des studios d'enregistrement et le trio de Toronto était inéluctable. L'intransigeance et le dieu du son contre l'ardeur de jeunes chiens fous, ça n'a pas produit de miracle à rendre béat d'admiration mais Strange Peace, troisième album des Canadiens, brille un peu plus haut dans le ciel tourmenté du noise-rock.
Les flammes de l'enfer se rapprochent. Ça cogne à tous les coins de rue, parfum de guérilla urbaine et pollution noise qui laisse traîner de gros nuages noirs menaçants et chargés d'électricité foudroyante. Albini sait comment frapper fort et dur. Metz en profite pleinement. Ou comment tendre vers l'intensité des concerts bien qu'on en soit pas du tout à souhaiter que ce soit le même carnage sur disque que sur scène. Chacun son rôle et les vaches seront bien gardées. La fougue de Metz est donc bien canalisée dans les tuyaux avec juste ce qu'il faut de tremblements, de saletés et d'étincelles sur les bords pour faire de Strange Peace l'album le plus dense et fiévreux de Metz. Et comme le trio n'a pas perdu son sens de l'accroche, comment pondre des riffs à la sonorité de limaille de fer pour t’entraîner toute la nuit au fond des ruelles sombres qui dansent, Strange Peace aligne une belle série de déflagrations sonores (Drained Lake, Mess of Wires, Mr Plague) donnant le sourire, aussi carnassier soit-il.
Cependant, Metz a également été prêché dans d'autres paroisses. Des infidélités à Albini à qui ils ont pris les bandes pour aller ensuite rajouter du bordel dans d'autres studios ou élaborer des titres qui ne sont pas de simples interludes mais participent à l'élargissement du panorama et l'aération de l'espace pour faire de Strange Peace un album plus fin et tordu qu'il n'y paraît. Metz serait presque à retrouver l'esprit plus noise et expérimental de leurs premiers singles. On ne vas pas s'en plaindre. Strange Peace dégage ainsi de nouveaux horizons. Et devient plus varié. Sink, plus lent, triste et vénéneux qui pourrait quasi se faire qualifier de poignant, Caterpillar évoluant sans batterie, les deux très brefs morceaux (Escalor Teeth et Dig A Hole) qui envoient tout méchamment valser ou au contraire, une durée inhabituelle de six minutes pour le titre de sortie Raw Materials jouant aux montagnes russes.
Strange Peace
dévoile plusieurs cordes à l'arc de Metz qui prend de la consistance au fil des albums et se place dans les valeurs sûres d'un noise-rock qui arrive à être toujours plus séduisant sans faire de concession. C'est toujours un immense plaisir d'aller rendre visite à Metz.

SKX (27/11/2017)