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subpop




Metz
II – LP
Sub Pop 2015


Tu as voulu voir Vesoul et on a vu Metz. Et du patelin à travers le monde, le trio de Toronto en a vu, du kilomètre il a bouffé, de la tournée à n'en plus finir il a enchaîné, au point de se faire un nom aussi connu que la ville qui l'a inspiré. Il était donc temps de remettre le couvercle trois ans après un premier album qui avait remis Sub Pop dans la mire et le droit chemin du petit monde de la noise et du grunge.
Trois années qui n'ont pas suffi à modifier les plans de Metz. A part que Metz semble être devenu encore plus radical. C'est pas avec une telle musique qu'ils atteindront le succès de Nirvana à qui les sourds veulent si ardemment et hâtivement les comparer. Parce que c'est quand même un putain de disque sauvage qui ne caresse que très peu dans le sens du poil malgré un abord toujours assez accrocheur. Pas de tubes évidents, de refrains fédérateurs ou d'une production qui lisse pour passer partout. Metz pousse sa politique de la terre brûlée quelques saturations plus loin et c'est ce qui les sauve d'un premier album qui laissait sur sa faim. Le trio canadien a mis un zeste de folie en plus, un majeur d'inconvenance, un coup de pied au cul à son rock qui filait trop droit et fait ainsi toute la différence - aussi minime soit-elle - avec le précédent album.
L'énergie est toujours aussi bouillonnante mais a pris de la consistance. Les rythmiques sont plus méchantes, la guitare plus bordélique, vicieuse et les compositions, sans forcément gagner en finesse ou en complexité, prolonge le plaisir au-delà de trois écoutes. Metz reste ce groupe qui tape dur et fort. Une bonne poignée de morceaux est à déconseiller aux épileptiques, à commencer par The Swimmer (images comprises). Ça envoie de grosses branlées noise-punk avec le sourire et un minimum de formes/mélodies mais ça fait aussi la jonction avec leurs débuts et leurs trois affolants singles comme sur Spit You Out, Wait In Line et Kicking A Can Of Worms et sa guitare finissant en ponceuse. Metz est alors capable de ralentir le tempo, faire des morceaux dépassant les trois minutes à fond, de fricoter avec les affres de la dissonance, de déraper dans les larsens, de malmener des structures parfois trop simples dont le seul mot d'ordre est de foncer dans le tas et basta, trouvant ainsi dans l'excès et le dérèglement des sens une manière d'exister sur la durée, trouver de la crédibilité, de conquérir de nouveaux territoires tout en assurant ses arrières. Et de prouver que Metz, plus que jamais, est un anagramme déguisé de Rock.

SKX (09/06/2015)