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The Blind Shake
Live At Third Man Records – 7''
Third Man records 2017

Je profite de l’actualité pour parler de ce 7'' de The Blind Shake publié par Third Man records dans le cadre des Third Man Live Series. Je ne vais pas exprimer tout le mal que je pense de Jack White (musicalement, je veux dire) pour au contraire saluer l’implication d’un bonhomme qui profite de sa notoriété et de son compte épargne-logement pour faire vivre sa passion et en faire profiter les autres. Outre les nombreuses productions de Jack White évidemment publiées par Third Man records, l’amateur peut s’intéresser à la série d’enregistrements live mis en boite au studio du label lors de concerts à guichets fermés et le catalogue proposé est plutôt large, des Melvins à Jerry Lee Lewis en passant pas The Blind Shake, donc.

The Blind Shake, le patron de Perte & Fracas vous en parle à chaque fois qu’il en a l’occasion. Et il fait bien : je suis entièrement d’accord avec lui au sujet du groupe des deux frères Blaha (Jim à la guitare, Mike à la guitare baryton, les deux se partageant le chant) et du batteur Dave Roper. Le trio de Minneapolis a à la fois tout du groupe hyper traditionaliste et tout de l’ovni miraculeux avec son mélange de punk rock, de garage, de surf et même de noise-rock. Le tout lié par une énergie indéfectible et un sens de la composition très haut de gamme tendance mélodies velcro et punitives. En plus ces trois types sont increvables puisque en douze années ils ont publié pas moins de sept albums studio sur des labels aussi essentiels que Learning Curve, Castleface ou Goner records – sans compter les disques en collaboration avec Michael Yonkers (un incontournable de la scène de Minneapolis semble t-il) et John Reis (Drive Like Jehu, Rocket From The Crypt, Hot Snakes, etc, celui là je le connais bien).

Les amoureux de The Blind Shake ont déjà très certainement écouté et possèdent peut-être l’insurpassable Live In San Francisco mais Live At Third Man Records vaut également des points en proposant des versions différentes – donc – de deux brûlots du groupe : I Shot All The Birds (premier titre du dernier album studio en date du trio, Celebrate Your Worth) et Tar Paper (qui lui introduisait l’album Fly Right). I Shot All The Birds manque ici un peu de peps – d’autant plus qu’à la fin du titre on entend l’enchainement avec celui d’après mais c’est déjà la fin de la face du disque… quelle frustration ! – tandis que Tar Paper tient lui toutes ses promesses incandescentes, fureur jouissive des déflagrations fuzz et rythme endiablé. Le fan absolu – et légèrement monomaniaque sur les bords – du groupe ne pourra faire autrement que de se procurer ce joli single pourtant tout simple ; pour tous les autres, n’importe quel album du groupe devrait largement faire l’affaire.

Mais surtout, puisque j’ai dit profiter de l’actualité de The Blind Shake, je signale que les Américains sont actuellement en tournée européenne. Une trentaine de dates dont pas moins de sept au pays de l’hypocrisie socio-libérale et du réformisme à sens unique, le trio va forcément jouer dans ta ville ou pas très loin de chez toi et tu ferais mieux d’aller le voir en concert et transpirer un bon coup avec lui : The Blind Shake ce n’est pas de la pause inutile ni du théâtre égocentré, The Blind Shake c’est juste de la fureur punk et la tradition qui continue à aller de l’avant. Pour le meilleur.

Hazam (14/05/2017)