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Swami John Reis and The Blind Shake
Modern Surf Classics – LP
Swami 2015

Le titre de l'album n'est pas une tromperie sur la marchandise. C'est bien un disque de surf music, ça sonne comme des classiques mais c'est que du moderne car toutes les compositions datent de maintenant. Cowabunga ! Soit le cri de guerre du surfeur, californien de préférence, San Diego précisément, terrain de jeu de John Reis, l'homme aux multiples groupes dont on ne citera que ceux qui nous ont le plus retourné : Drive Like Jehu, Hot Snakes et Rocket From The Crypt. Avec le plus bouillant trio punk-rock du moment, les grandioses The Blind Shake (Minneapolis), l'attelage a de la gueule, de quoi faire avaler sans broncher et avec le sourire un disque de surf music qui n'est pas franchement le style de la maison.
C'est que les gaillards savent y faire pour garder les vibrations et les codes d'un style vachement daté tout en apportant une touche plus sombre, plus de dureté aussi dans la rythmique et dans les assauts de guitares, tout leur savoir-faire de musiciens qui ont explosé plus d'une planche de surf sur l'autel du punk dans leurs différentes formations et mis au service de la surf music qu'ils revisitent avec bonheur et frénésie. Le coup de pinceau qui fait tout gober. Le coup de neuf qui fait avancer.
Treize morceaux écrits par John Reis sauf Sea Saw et Zulu As Kono co-écrits avec The Blind Shake, treize morceaux dont les seules paroles inscrites bien lisiblement sur l'insert se résument à See Saw, ha ha ha ha, Beach Leach, Zulu As Kono et hey hey hey que vous pouvez crier et répéter autant de fois que nécessaire !
Parce que tout le reste, c'est uniquement de l'éclate totale, une musique qui prend possession malgré vous de votre corps pour le tortiller dans tous les sens, faire des nœuds dans les guibolles. Rajouter du saxophone (celui de Gabriel Sundy) sur sept titres pour augmenter la température qui était déjà haute, du piano et du vibraphone(Ben Moore), des percussions exotiques supplémentaires (darbouka, riqq) pour encore plus de dingueries, un bouzouki que John Reis joue lui-même dans une chaude et inarrêtable ambiance déviante. Des ballades pour laisser le temps de draguer sur la plage (Brown Room et The Lonely Sea Sweeper). Des montées somptueuses (Kooks On The Face), des cavalcades infernales grâce à cette rythmique véloce et musclée (Wet Greek, Hang 11 et... un peu tout le reste de toute façon). Dry Suit, fantastique compo qui rappelle une mélodie des Hot Snakes avec du piano, une sortie de disque magistrale avec le tribal et pétri de classe Sets Of Fire à réveiller et faire danser toute une armée de zombies surfers, l'ombre de Ennio Morricone sur laquelle le spaghetti western vient hanter une surf music devenue mutante, l'ombre des Cramps perdue sur une plage ensoleillée et qui en fait vraiment voir de toutes les couleurs à cette pauvre surf music devenue miraculeusement moderne et s'écoutant comme n'importe quel disque de John Reis ou de Blind Shake. A fond et avec un plaisir immense.

SKX (24/03/2015)