brainbombs
skrammel



Brainbombs
Inferno - LP+7''
Skrammel 2017

L’annonce aussi soudaine qu’inattendue d’un nouveau Brainbombs avait de quoi surprendre son monde, tant les Suédois nous avait jusqu’ici habitué à un rythme de croisière des plus irréguliers. Mais qu’à cela ne tienne ! Lorsque mon groupe fétiche daigne dégainer de nouvelles armes, je rétorque avec ma carte bancaire aussi sec. Même pas un semblant d’hésitation. Inferno, malgré ce à quoi l’on pourrait légitimement s’attendre de la part de vieux briscards au-delà du culte, n’est pas simplement un bon album des Brainbombs. Il s’impose à mes yeux comme le début d’une nouvelle ère et la pochette à elle seule illustre remarquablement bien l’enjeu sous-jacent de cette bifurcation stylistique prometteuse.

Il ne s’agit plus réellement de violence frontale ou de l’assouvissement primaire et brutal de pulsions, mais plutôt de la mise en circulation d’une présence au coin d’une rue sombre, d’une ombre menaçante dont on ne devine que les contours et qui se plait à suivre sa proie avec un sens de la mise en scène perverse que seuls les vieux de la vieille possèdent. Pas de traque discrète. Surtout pas, bien au contraire. Le véritable délice c’est de s’amuser avec le cobaye, de lui signifier qu’il y a peut-être un danger inéluctable, là derrière, sans offrir de réels indices tangibles. Il faut instiller le doute, titiller le baromètre de la peur. Ralentir le pas, disparaitre du champ de vision, laisser planer l’espoir qu’il s’agit peut-être d’une simple méprise l’espace de 15 ou 20 minutes… puis réapparaitre. Si Inferno était une scène de film, il pourrait être la séquence du métro dans Maniac de William Lustig mais placé sous un déluge d’éjaculations de wah-wah, de riffs gluants post-Stoogiens. D’ailleurs, en parlant de musique, la première demi-heure est tellement remarquable que j’en trépigne encore. Inferno, They All Deserve To Die, Rock Your World, If You See My Face, An Eye For An Eye, on atteint ici un tel niveau de perfection punk-noise qu’on n’a plus envie de redescendre du nuage, et en toute logique la fin de parcours ne pouvait que décevoir un brin et la pression redescendre d’un cran, notamment avec un Just An Ordinary Fuck un peu convenu et l’intéressant mais légèrement trop éthéré Malfunction. Wanted To Kill You redresse la barre, si je puis dire, et achève le LP de la plus belle manière qui soit ; à savoir ultra-brutale. Quant au petit bonus 7'', Trust Me, il s’agit d’un morceau correct mais qui n’apporte strictement rien de plus à cette pièce d’anthologie qu’est Inferno.

Vincent/LNO (17/06/2017)