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The Wolfhounds
Untied Kingdom (...Or How To Come To Terms With Your Culture) – 2xLPs
Odd Box 2016

The Wolfhounds est donc vraiment de retour. Avec un vrai album. Uniquement des nouvelles compositions sur un beau double vinyle. Vingt-six années après leur dernier album Attitude. Ce n'est pas une surprise vu que le groupe anglais a rallumé les lumières en 2012 avec une série de singles compilée et agrémentée de trois inédits sur Middle-Aged Freaks publié en 2014. Mais ça reste un événement. A l'échelle où vous voulez bien les mettre, c'est à dire tout en haut en ce qui me concerne.
Tout le bien et encore plus sur les Wolfhounds a été dit sur cette (longue) page. Le danger avec toutes ces reformations est de faire tomber le mythe de son piédestal. Avec les précédents singles comme autant de tour de chauffe, il était raisonnable de penser que The Wolfhounds n'allait pas se gameler. Ils ne se sont pas gameler. Au contraire des types sur cette pochette hallucinante d'un samedi soir ordinaire en Angleterre. Une lecture rapide m'avait fait lire United Kingdom alors que c'est tout le contraire à deux lettres près, le bordel chez les Anglais, Untied Kingdom, le désordre et bien d'autres sous-entendus. The Wolfhounds n'a jamais été le gentil groupe pop à déblatérer de mièvres histoires d'amour. Les paroles ont toujours été engagées. Le poids des ans et les kilos en trop n'ont pas altérés leur combat. Untied Kingdom, sous-titré Or How To Come To Terms With Your Culture, mord, ironise, se désespère, se bat, fait réfléchir et tente de secouer cette Angleterre qui veut plus que jamais rester une île.

La musique est le reflet de ces sentiments divers. Onze morceaux aux ambiances composites. Des morceaux pour contester, à nu, comme Oppositeland, avec simplement une guitare acoustique et du chant ou le titre d'ouverture, Apparition, uniquement habillé de la voie de Callahan soutenue par les chœurs féminins de Astrud Steehouder avec du field recordings en léger fond sonore. Mon tout avec l'aide d'un iPhone. The Wolfhounds sait s'adapter à son époque. Des morceaux renvoyant aux grandes heures de Wolfhounds, pop-rock acide avec toujours un grand sens du riff et de la compo qui tue avec Now I'm A Killer ou The Stupid Poor qui donne envie de bouffer du riche en dansant autour d'un feu de joie avec sa rythmique rebondissante. Des morceaux surprenant de prime abord, encore plus mélodique et orchestré que d'habitude. C'est le cas avec My Legendary Childhood qui, de mémoire, est le premier morceau de Wolfhounds avec du cuivre (mais je peux me tromper) ou Everyday Monsters et son piano dont les refrains finissent par rentrer dans la caboche et la séduire. Des morceaux qui rappellent la période Moonshake, le groupe de David Callahan après Wolfhounds. Lucky Heather et Fire In The Home (composé et chanté par Andy Golding, le seul survivant avec Callahan de la période années 80 de Wolfhounds et qui n'a pas fait partie de l'aventure Moonshake, comme quoi) sont deux superbes compositions au groove insidieux, teintées de basses dub, de samples, d'un chant féminin qui n'est pas Margaret Fiedler mais Katherine M. Whitaker et de guitares pointues et inspirées. Et un morceau final, Across The River Of Death, charriant pendant presque huit minutes un torrent de rythmes, de guitares et un violon électrique vers le bord du précipice.
The Wolfhounds garde son sens affirmé de la composition avec, allez je vous l'accorde, deux ou trois passages plus en-dedans, n'a plus rien à prouver, est libre de faire ce qu'il veut et surtout d'ouvrir sa gueule pour taper sur ses compatriotes. The Wolfhounds restera toujours inclassable, en dehors des modes, des sentiers rabattus et des routes du succès. L'Angleterre ne veut plus de l'Europe mais ils ont The Wolfhounds. Et là encore, ils ne mesurent pas leur chance.

SKX (07/12/2016)